Le Commandant refuse la croix à son bord


        Il fallut quatre hommes forts pour la transporter vers le paquebot afin de l'embarquer. Malheureusement, le commandant du bateau, non-croyant, refusa de prendre la croix à son bord.

"De ces choses-là, je n'en veux pas à mon bord" déclara-t-il.

Face à cete attitude indigne, le curé protesta énergiquement mais sans résultat.

Loin de se résigner, il ordonna aux quatre porteurs de déposer la croix à bord, présenta au commandant les papiers ainsi qu'un reçu de paiement du prix pour un passager et une croix, et il en resta là...

Le paquebot prit alors la mer mais, suite à une épidémie de choléra qui se propageait dans les villes méditerranéennes et interdisait les bateaux dans les ports, il dériva un certain temps inutilement avant d'atteindre Istanbul.

Les passages en profitèrent pour visiter la ville et apprirent ainsi que la quarantaine était levée. Rien n'empêchait plus notre bateau de prendre la direction de Jérusalem où notre curé y arriva au courant du mois de septembre.


        Une grande tristesse envahit notre curé à la vue de la croix qui avait beaucoup souffert de ce voyage. Mais cette tristesse disparut rapidement face à l'immense joie qu'éprouvèrent les moines Lorrains ayant fui l'occupant quand ils apprirent qu'une croix de Lorraine devait arriver à Jérusalem. Ils entourèrent la croix d'infinies précautions afin de lui faire honneur.
Avec une grande adresse, ils façonnèrent une petite croix en bois d'olivier, provenant du jardin de Bethsabée, pour l'incruster dans la grande croix de chêne. Cette dernière est encore bien visible à ce jour.

La reconnaissance était grande car il paraît qu'à cette époque il ne restait plus que huit arbres d'olivier en tout dans ce jardin. Ces arbres étaient donc très protégés et réservés à de hauts dignitaires de l'église.

        Sous les mains expertes de moines, notre croix prit forme et fut apprêtée pour une procession à travers la ville de Jérusalem selon le chemin qu'avait pris notre Seigneur avec sa croix.


Cette procession fut consignée dans un document que le représentant de la Terre Sainte attesta en langue française:


"Par la grâce de Dieu, je soussigné P., Secrétaire de la garderie de la Terre Sainte, certifie par la présente que la croix amenée par le curé de Morsbach Nicolas Folschweiller accompagné des moines, a emprunté le chemin qu'avait pris le Christ.
Le père franciscain Joseph de Nantes a prononcé le sermon vendredi le 21 septembre 1900"
Ceci pour confirmation: Jérusalem, dans le couvent de notre Saint Sauveur le 24 septembre 1900.


Le révérend père Joseph de Rome


La croix fut alors ramenée à son lieu de départ, Morsbach, où la narration de ses aventures fit grandir son importance et joua en faveur de la construction de la nouvelle église.


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