La journée
du 18 août 1907 fut inoubliable pour la commune de Morsbach ainsi que
pour toute la population croyante de Lorraine. Cette journée tant attendue
effaça tous les soucis rencontrés lors de la préparation
de la construction de l'église.
En effet, les sommes récoltées
en Lorraine et en Amérique restaient insuffisantes. La commune de Morsbach
dut faire des efforts supplémentaires et, pour la troisième
fois, le curé Nicolas Folschweiller prit son bâton de pèlerin.
Ceci sans compter le combat qu'il dut livrer contre l'administration qui s'était
surtout dressée contre la personne et non envers le projet de construction.
Il est intéressant de noter que le curé s'est déplacé
cent trente-cinq fois à Metz pour qu'on lui accorde le permis de construire.
Les archives départementales nous font découvrir une importante
correspondance de l'époque concernant la construction de l'église.
Dans ce singulier
combat, c'est notre curé qui finalement vainquit.
Quelques semaines avant l'inauguration, le curé Nicolas Folschweiller
demanda la bénédiction du Saint Père, Pape Pie X,
par l'intermédiaire de son Éminence le Cardinal Vanutelli
qui lui répondit:
"Je ne refuse pas d'être l'interprête entre vous et le Saint-Père
pour bénir d'une façon ou d'une autre tous ceux qui ont participé
à la réalisation de la construction de l'église du Saint-Sauveur
en Lorraine".
Étaient également présents: le maire
(J.N. Dofing) et le curé de la paroisse Nicolas Folschweiller.
La pose de la première pierre
put alors se faire devant les invités et la foule rassemblée.
L'assistance de la population locale et des croyants de la région
fut nombreuse.
Le gouvernement était représenté par le directeur Loeper
de Forbach.
La journée fut magnifique, notamment pour la commune de Morsbach très
fière d'être la première commune de Lorraine à
avoir une église du Saint-Sauveur.
Un parchemin comportant les mots suivants:
"Dieu tu nous as rachetés
avec ton sang" ainsi que des pièces de monnaie en cours
furent placés dans la première pierre.
(NB: Le cardinal Vincent Vanutelli faisait partie du voyage à Jérusalem
en 1900 ainsi que l'évêque du Luxembourg Monseigneur Nommesch.
Le cardinal était monté à bord dans le port de Gênes
en Italie.)
Les plans de
l'église furent dessinés par l'architecte Wilhelm Hector
de St Johann en Sarre et le gros oeuvre exécuté par l'entreprise
Peter Geiger de Kaiserslautern dans le palatinat.
Les travaux commencés, de nombreux obstacles qui blessaient personnellement
le curé restaient à franchir: Le Conseil Municipal de la commune
ne partageait pas sa joie et lui menait la vie dure.
Différents évènements semèrent la discorde entre
le Conseil Municipal et le curé qui en éprouva beaucoup de peine.
L'un des principaux sujets de discorde était... un mur!
En effet, afin d'avoir un accès plus facile pour joindre l'église,
notre curé fit démolir un mur à côté de
l'ancienne église Saint-Sébastien.
Ce qu'il ne savait pas, c'est que ce mur avait été construit
sur un terrain appartenant à la commune de Morsbach. Pour cet incident,
dernière demanda à notre curé de faire reconstruire un
nouveau mur au même emplacement!
Le curé n'obtempéra pas et les pouvoirs publics de Metz se rendirent
sur les lieux, confirmèrent à la commune ses droits sur ce
mur et donnèrent tort au curé.
Mais, en contrepartie, les pouvoirs demandèrent à la commune
une participation aux frais de 300 mark pour la construction de l'église:
victoire bien amère pour la commune! |
Église Saint-Sauveur de Morsbach
au début du siècle dernier
|
Le curé
n'obtempéra pas et les pouvoirs publics de Metz se rendirent sur les
lieux, confirmèrent à la commune ses droits sur ce mur et donnèrent
tort au curé.
Mais, en contrepartie, les pouvoirs demandèrent à la commune
une participation aux frais de 300 mark pour le construction de l'église:
victoire bien amère pour la commune!
Rien n'était fait pour rétablir la bonne entente entre la commune
et le curé.
Une aide arriva alors des agriculteurs
qui proposaient de fournir les moyens de transport afin d'acheminer les matériaux
de construction, ainsi que les mineurs de Morsbach pour qui c'était
un honneur d'apporter leur aide.
Notre curé économisa ainsi cinq à six mille mark.
Des discussions avec les entreprises
sous-traitantes et des accrochages permanents avec les dirigeants ralentirent
l'avancement des travaux. Des visites ayant lieu en permanence dans le presbytère,
ce dernier fut transformé en véritable pigeonnier.
Et, si, finalement, cette église
se présente à nous dans toute sa splendeur, c'est avant tout
au curé Nicolas Folschweiller que nous le devons.
Sont aussi à remercier: la plus grande partie des gens du village,
les hommes d'église pour leur apport spirituel, l'administration et
la commune de Morsbach.