I. INTRODUCTION.
L'annonce de la découverte du virus du Sida par les scientifiques
a ouvert une nouvelle ère dans le domaine de la pathologie infectieuse.
La maladie a été considérée au départ
comme ne concernant que les pays occidentaux et à la limite les africains
vivant en ville et on ne pourrait pas manquer de relever le fait que l'annonce
de la découverte de ce virus a été perçue dans
certains milieux comme une imagination tendant à décourager
les amoureux, du moins au cours des premières années immédiatement
après la découverte du virus. A la longue, on s'est rendu compte
que le Sida se propageait partout à travers le monde et qu'il devenait
une affaire de tous, villageois, y compris.
Aujourd'hui, l'Afrique et surtout l'Afrique sub-saharienne est devenue la
région du monde la plus touchée par la pandémie. Il
nous est difficile de débattre ici des multiples raisons qui sont
à la base de la montée en flèche de la propagation du
VIH en Afrique.
Notre pays, la RDCongo, un pays vaste et, coeur de l'Afrique, avec des richesses
énormes n'en est pas épargné.
Les grandes crises qu'il a connu en commençant par le régime
dictatorial de 32 ans durant, passant par les guerres interethniques, l'afflux
des réfugiés rwandais en 1994 jusqu'aux guerres de libération
et de rectification ont bloqué toute initiative de planification d'un
programme national fiable de lutte contre la catastrophe, permettant ainsi
au virus de ravager des milliers de personnes essentiellement parmi les jeunes
de 12 à 45 ans. Aucun coin du pays n'est épargné, même
pas la province du Nord-Kivu et en particulier la ville de Goma, et surtout
elle, qui en dépit de cette crise multiforme à laquelle se
trouve confronté le pays, a encore connu, comme si cela ne suffisait,
l'éruption volcanique de janvier 2002.
La ville serait exposée à la propagation du virus étant
donné la précarité dans laquelle vit sa population.
Les chiffres des malades et des décès dans les hôpitaux
de Goma sont de plus en plus inquiétants. Ainsi, la Caritas Goma s'est
décidée de mettre sur pied un programme de lutte contre le
syndrome afin de contribuer à la limitation de sa propagation au sein
de la population et à la réduction de la morbidité et
de la mortalité liées à cette pathologie.
Dans cette optique, la Caritas Goma a été heureuse d'accueillir
le Club des jeunes de Secours Catholique France/ ville de METZ ici à
Goma, une délégation composée de 4 personnes dont: Monsieur
RENE (Animateur de la Caritas METZ), Mesdemoiselles Anne (étudiante
en psychologie), Aurélie (étudiante en Sciences), Cathie (étudiante
en Sociales).
Que toutes les personnes ayant contribué de près ou de loin
à l'arrivée de cette délégatin à Goma
ainsi qu'à son séjour trouve ici l'expression de nos sentiments
de gratitude pour cette action en faveur de nos jeunes en particulier et
de toute notre population en général.
II. OBJECTIFS DE LA VISITE:
*soutien au programme de la Caritas Goma pour la lutte contre le VIH-SIDA;
*sensibilisation de la jeunesse de Goma et de ses environs sur la lutte contre
le VIH-SIDA;
*échanges d'expériences entre jeunes.
III. POPULATION CIBLE.
-Les jeunes dans les écoles, les universités, les paroisses.
-Les couples.
-Les personnes vivant eet les personnes affectées par le VIH (les
PVV et les PAV).
Pour mieux réussir sa mission, la délégation a travaillé
conformément à un calendrier qu'elle a rigoureusement respecté.
Ci-après ce calendrier et le nombre de participants par séance
de sensibilisation.
IV.CALENDRIER DE TRAVAIL ET EFFECTIFS DES PARTICIPANTS:
DATE
|
LIEU
|
Groupe cible
|
Heure
|
Nbre. participants
|
25/06/03
|
Lycée CHEMCHEM VILLE
|
Élèves (ville)
|
14 heures
|
30
|
26/06/03
|
Institut de Goma
|
Élèves
|
13 heures
|
26
|
27/06/03
|
Lycée CHEMCHEM HIMBI
|
Élèves Himbi
|
9 heures
|
34
|
28/06/03
|
Institut TUUNGANE
|
Élèves
|
9 heures
|
90
|
29/06/03
|
BOBANDANA
|
Élèves+autres |
12 heures
|
200
|
02/07/03
|
Institut MIKENO
|
Élèves |
10 heures
|
48
|
03/07/03
|
Institut BAKANJA
|
Élèves |
10 heures
|
58
|
04/07/03
|
Coord. Dioc. de la pastorale des jeunes
|
Piscine de Bezatha
(PVV et PAV)
|
10 heures |
19
|
04/07/03
|
Coord. Dioc. de la pastorale des jeunes |
Autres jeunes
|
15 heures
|
32
|
05/07/03
|
Paroisse de St Esprit
|
Jeunes de la paroisse
+autres
|
15 heures 30
|
62
|
06/07/03
|
Paroisse Carmel
|
Jeunes de la paroisse
et autres |
15 heures
|
85
|
07/07/03
|
Paroisse Cathédrale
|
Jeunes de la paroisse
et autres |
16 heures
|
53
|
08/07/03
|
Paroisse Notre Dame d'Afrique |
Jeunes de la paroisse
et autres
|
16 heures
|
60
|
09/07/03
|
Centre de Santé Mentale + Ngangi |
Les jeunes |
10 heures |
25
|
10/07/03
|
Centre de Santé Mentale + Ngangi |
Les jeunes |
10 heures |
15
|
11/07/03
|
Centre de Santé Mentale + Ngangi |
Les jeunes |
10 heures |
16
|
13/07/03
|
RUTSHURU |
Jeunes de la paroisse
+autres |
12 heurers
|
80
|
14/07/03
|
Coord. Dioc. de la pastorale des jeunes |
Les couples |
15 heures
|
30
|
15/07/03
|
Université Libre des Pays de Grands Lacs
|
Les étudiants
|
12 heures
|
200
|
Dans le souci de mieux échanger les idées et mieux transmettre
leur message, les jeunes visiteures ont adopté une certaine méthodologie:
V.MÉTHODOLOGIE DE TRAVAIL
Un petit questionnaire - guide avait été au préalable
remis aux jeunes de chaque école ciblée en vue de les préparer
à composer un petit mot autour de ce qu'ils connaissaient sur le Sida.
A l'ouverture de chaque séance, le modérateur du jour commençait
par présenter la délégation, puis les accompagnateurs
locaux: de la Caritas / BDOM, de la Coordination Diocésaine des jeunes,
de la pastorale scolaire, les responsables des écoles...
Après cette étape, la parole était donnée à
un porte parole des jeunes du lieu visité pour prononcer un mot bref
sur le VIH, puis suivait alors l'exposé des sensibilisateurs qui comportait
les étapes suivantes:
- d'abord une petite histoire appuyée par la support didactique
très simple et pratique qui compare le Sida à une inondation
qui envahit le monde. L'eau monte au fur et à mesure et met les gens
en débandade. Face à cette situation dangereuse, trois bateaux
de sauvetage sont disponibles dont le premier représente le bateau
de l'ABSTINENCE, le second, le bateau de la FIDELITE, et le troisième,
le bateau du PRESERVATIF. Pour se sauver du danger, les gens ont la possibilité
de monter sur un bateau de leur choix, à condition de ne pas tomber
dans l'eau.
- puis à tour de rôle, les trois animatrices prenaient la
parole de façon élégante afin de présenter des
images des personnages pour lesquels chacune d'elle inventait une histoire
et plaçait l'image sur un des bateaux conformément à
l'âge du personnage, à son statut matrimonial, à sa profession,
à son apparence physique, ou encore à son accoutrement...
- ensuite, elles distribuaient une série d'images aux jeunes participants
pour faire la même démonstration: à chaque image, une
histoire, un débat autour de cette histoire dans la salle et un choix
du bateau correspondant à l'histoire du personnage.
- à la fin, il y avait une série de questions auxquelles
répondait pour la plupart, Dr Kalenga, Coordinateur du programme SIDA
de Caritas Goma et une conclusion des animatrices intervenait pour terminer.
Cette méthode avait comme avantage de faciliter la liberté dans
le choix du bateau de sauvetage sans attitude moraliste quelconque et l'incitation
à la participation de tout le monde.
L'anonymat des personnages suscitait aussi la relance des échanges
et l'afflux des idées chez les jeunes.
VI.DÉROULEMENT DES ACTIONS.
La sensibilisation s'est déroulée en général dans
de bonnes conditions. Elle s'est faite conformément au calendrier tracé,
à la méthodologie ci-haut décrite, sans incident et
à la satisfaction de tous. Nous devons le reconnaître, l'équipe
des sensibilisatrices a été à la hauteur de sa tâche
et nous affirmons ici que la Caritas France ne nous a pas envoyé n'importe
qui.
Nous signalons que la méthodologie de travail a été modifiée
seulement lors de la rencontre avec les personnes vivant avec le VIH du groupe
de la piscine de Bezatha. Les enseignements ont été axés
surtout sur les témoignages de ces braves personnes qui
ont accepté
de parler volontiers de leur statut sérologique à haute voix.
Des témoignages qui ont édifié tous les participants
et constituent la meilleure façon de persuader les sceptiques que
le Sida est une réalité dans notre milieu. Ce groupe est un
modèle unique jusque là à Goma et constitue un modèle
à suivre. La leçon tirée de cette rencontre est que
une personne peut vivre positivement bien qu'étant infectée
par le VIH. La participation a été active partout. Ceci confirme
que l'action a été d'un grand impact sur la jeunesse de Goma
et de ses environs.
VII.IMPACT DE L'ACTION MENÉE:
- Cette action a permis à la Caritas Goma de savoir le niveau de
connaissances, les attitudes et les pratiques des jeunes en rapport avec le
VIH - SIDA.
- On a désormais une méthodologie pratique pour sensibiliser
les gens dans l'avenir.
- Plusieurs jeunes gens avaient des informations erronnées dans
leur têtes (exemples: le condom peut causer du cancer, sans frottement
on ne peut pas attraper le Sida, l'astinence prolongée peut causer
des ennuis de santé à la personne, le moustique peut transmettre
le Sida, il faut isoler le sidéen ou le précipiter à
la mort, ... Suite aux différentes explications données pour
la circonstance, ces jeunes sortaient de la salle édifiés.)
VIII.DIFFICULTÉS RENCONTRÉES.
La difficulté rencontrée un peut partout et presque la seule,
a été due à l'enseignement de la bonne méthode
ABC, c'est à dire: "ABSTINENCE", "FIDÉLITÉ", "CONDOM"
dans les écoles catholiques et même ailleurs. Pour certaines
gens, c'était une contradiction de l'enseignement prôné
par l'Église que de parler de l'usage du condom. Ils auraient voulu
que l'on insiste plus sur la pratique de l'abstinence et de la fidélité
que de faire la campagne du préservatif, pourtant dans l'esprit des
sensibilisatrices, l'action n'avait pas pour objectif de dicter la meilleure
méthode à adopter pour se protéger contre le Sida, mais
plutôt celui de mettre les gens devant leurs responsabilités
quitte à eux d'opérer leur choix.
Avant d'arriver à la fin de ce rapport, qu'il nous soit permis d'émettre
quelques recommandations.
IX.RECOMMANDATIONS.
Aux dirigeants politiques:
Qu'ils prennent conscience des ravages que cause le sida au sein de la
population et par conséquent adopte un programme adéquat de
lutte contre cette catastrophe.
Aux responsables de la Caritas Diocèse de Goma:
Qu'elles multiplient les différentes occasions d'échange entre
jeunes, car ces rencontres sont édifiantes et pourraient déboucher
à un changement de comportement face au VIH.
Qu'elles encouragent l'encadrement des jeuenes dans le cadre de leur pastorale
en leur accordant les moyens suffisants.
Aux responsables de la Caritas METZ:
Que cette action ne soit pas la dernière, mais plutôt le début
d'un partenariat continuel.
A LA DÉLÉGATION DE LA CARITAS METZ:
Elle vient de toucher du doigt les réalités qui sont les nôtres
en matière de sensibilisation sur le VIH. Elle vient de constater les
difficultés auxquelles sont confrontées les personnes vivant
avec le VIH ici chez nous à Goma.
Qu'elle soit notre interprète auprès de toute personne éprise
de bonne volonté pour venir en appui aux actions de lutte contre ce
fléau entamées par la Caritas.
A la Coordination Diocésaine de Lutte Contre le Sida Caritas Goma:
Qu'elle assure le suivi de la sensibilisation des jeunes face à ce
fléau;
Que le suivi soit assuré afin de péréniser l'action et
d'évaluer le changement de comportement vis-à-vis du VIH chez
les jeunes qui ont subi la sensibilisation.
X.CONCLUSION.
L'action menée par les jeunes venus de France est venue à point
nommé. Elle a été plus que nécessaire, car elle
a permis aux jeunes de Goma et de ces environs de sortir de l'ignorance pour
les uns et d'améliorer leurs connaissances pour les autres.
Conformément à l'agenda de travail tracé par l'équipe,
il va sans dire qu'elle a abattu, sans relâche, du 25 juin au 16 juillet
2003, un travail énorme, mais elle n'a pas tout fini. Beaucoup reste
à faire. Plusieurs écoles de Goma et de ses environs restent
à sensibiliser et celles qui l'ont été devraient être
dotées d'une structure anti-Sida qui permettrait de rendre la lutte
permanente et beaucoup plus efficace.
Il faudrait également installer des groupes de réflexion de
lutte contre le Sida dans les paroisses et dans les communautés de
base.
Ceci nécessite évidemment des moyens qui jusque là font
défaut au programme SIDA de la Caritas Goma.
La Caritas Goma, reste ouverte à toute initiative allant dans le sens
de la consolidation de ses actions en matière de lutte contre le SIDA.
Elle réitère ses remerciements à la délégation
des jeunes visiteurs pour sa bravoure et pour tous les sacrifices consentis
dans la sensibilisation sur la lutte contre le Sida en faveur de nos populations
de Goma en général et de notre jeunesse en particulier.