L’équipe du secours catholique de Bouzonville
accueille un témoin du Bangladesh à la ferme de Narbéfontaine.
Luc Muller est le propriétaire d’une petite ferme située à Narbéfontaine : la ferme de Thury. Mais ce n’est pas une ferme comme les autres, elle s’inscrit dans des pratiques agricoles plus traditionnelles, biologiques et respectueuses de l’environnement. Un vrai retour vers le passé qui pour une fois ne risque pas de nous faire du mal !
Luc s’est fixé pour objectif d’avoir une ferme avec un mécanisme de fonctionnement équilibré, s’approchant de ceux que l’on peut retrouver naturellement dans l’environnement, visant au développement durable et à la production de denrées de qualité. En bref, faire de l’élevage et de l’agriculture intégré. Luc Muller produit des œufs, de la viande bovine, des volailles et du porc ainsi que la charcuterie. Il nourrit ses animaux uniquement avec les céréales qu’il produit. Pour l’ensemble de sa production il vend en tout une vache tous les deux-trois mois, deux porcs ainsi qu’un à deux veaux par mois et 20 à 30 poulets par semaine (son élevage de volaille s’élevant à 250 poules en tout). Les poules sont élevées en plein air, et circulent librement au sein de la ferme. Les animaux tels que les cochons et les vaches sont regroupés dans une même étable, comme c’était le cas autrefois. Mais nulle crainte, un retour à un élevage plus traditionnel n’est pas synonyme de retour des maladies. Les bêtes sont suivies par un vétérinaire, comme dans n’importe quel autre élevage. Luc est d’ailleurs formé par le vétérinaire qui lui a appris à reconnaître les problèmes éventuels qui nécessiteraient son intervention. Il pratique également l’homéopathie pour soigner ses animaux, c’est une médecine assez douce qui repose essentiellement sur l’utilisation de plantes et d’huiles essentielles qui ont des propriétés curatives.
Le maraîcher applique le même principe que Luc en ce qui concerne l’entretien du potager. Ils retournent très peu la terre, pas plus de cinq à huit centimètres en surface. Cela permet d’aérer le sol et de couper les racines des mauvaises herbes sans perturber l’écosystème: les micro-organismes restent en surface et ne sont pas étouffés du fait qu’ils n’ont pas été amenés trop en profondeur dans le sol. Le potager est alimenté par le réseau de conduite d’eau de la municipalité, de fait, ils ne peuvent arroser que très peu, et ceux uniquement pour le potager, pas pour les cultures de céréales. Ils ont cependant pour projet de devenir également indépendant à ce niveau avec un système qui utiliserait l’eau de pluie. Afin d’éviter la propagation des maladies, ils ont instauré une rotation des plantations : régulièrement ils changent l’emplacement des plantes pour éviter la prolifération de maladies. De plus, ils font très attention aux plantations voisines, ils ne créent pas de cohabitations qui pourraient s’avérer dangereuses ou néfastes.
Luc commerce de deux manières : il vend ses produits au marché de Thionville le samedi matin et il commercialise également à la ferme après 15h. Il s’est constitué un amas de clients, à savoir, des consommateurs qui se sont regroupés pour acheter ses produits. Néanmoins, il faut savoir que, en comparaison à une ferme industrialisée, le rendement de sa ferme est inférieur de moitié à un tiers. C’est le prix à payer lorsqu’on veut que la qualité prime sur la quantité : comme il le dit lui même : « Avec notre blé on peut faire du pain alors que, parfois, avec le blé industriel on arrive plus à faire du pain. »
Mais l’objectif principal de cette rencontre du jeudi 22 mai était surtout de faire découvrir à David, participant au programme « Le droit à l’alimentation » du secours catholique et résidant au Bangladesh, de voir un modèle agricole qui se rapproche plus de ceux de son pays, loin des méthodes d’agricultures intensive, souvent dénoncées et décriées, qui se sont propagées dans le monde occidental. Comme David nous l’a expliqué, aujourd’hui, on ne meurt plus de faim au Bangladesh, mais les problèmes de malnutrition persistent et ne sont pas moins nuisibles, de plus, le réseau en terme de santé est trop faible pour combattre les maladies engendrées par la malnutrition et les autres problèmes inhérents aux pays en voie de développement comme le Bangladesh. La mortalité infantile reste encore bien trop élevée et le Bangladesh reste un pays qui a besoin de l’aide de l’occident et d’associations tels qu’Action contre la fin ou du Secours Catholique pour vaincre ses problèmes.