Homélie du 2è dimanche du Temps Ordinaire – Père Bernard Scher

2ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

20/01/2019 « C »

Parmi vous il y en certainement qui ont déjà organisé un repas de noce ! Comment réagiraient-ils si, au milieu du repas on aurait du dire aux invités : « Vous avez bien bu, mais maintenant il faudra vous mettre à l’eau, car il n’y a plus vin » Ce serait vraiment la honte, le scandale…

Comme nous venons de l’entendre : c’est ce qui est arrivé lors des NOCES DE CANA : à un moment donné du repas il n’y a plus de vin ; ça va être le scandale, les mariés, honteux seront ridiculisés….Mais heureusement Marie, la mère de Jésus était là, invitée avec son fils et ses disciples. Comme toutes les femmes, elle est attentive à ce qui se passe autour d’elle et son intuition féminine lui fait sentir qu’il y a un problème. Aussitôt elle en fait part, discrètement, à son fils : « Ils n’ont plus de vin…Fais quelque chose pour eux » Elle ne se laisse pas démonter par sa réponse qui nous semble brutale, car elle le connait bien.

Nous voyons, dans cet événement que Dieu n’est pas un rabat-joie ; nos fêtes humaines sont importantes pour lui ; je pense que Jésus, durant ce mariage, s’est amusé, a dansé comme tout le monde ; il est aussi venu partager les joies des hommes.et voilà  qu’il agit discrètement ; il n’y a que sa mère et les serviteurs, qui ont exécuté ses ordres, qui savent ce qui s’est passé. Grâce à lui la fête n’est pas gâchée et la fête commune peut continuer à s’épanouir.

Trop souvent, à travers les siècles, on a taxé les chrétiens de « rabat-joies » ; à certaines périodes l’Église a même prêché le « dolorisme », le salut par la souffrance recherchée. Le philosophe Nietzsche disait : « Je croirai en Dieu le jour où je verrai des chrétiens plus heureux ».

Tous les hommes aspirent à la joie, au bonheur, mais à quel prix parfois et par quels moyens ? Voyons ce que vivent les immigrés. Il y a tellement de gens qui ne connaissent pas le bonheur, par la faute de leurs semblables et de la société. Comment dire à tous les rejetés, à ceux qui vivent sur le bord du chemin et qui n’ont pas grand-chose pour être des hommes debout et heureux, que Jésus est venu parmi nous pour porter à tous la joie et l’espérance ?

Marie disait à son Fils : « Ils n’ont pas de vin » Aujourd’hui, devant notre monde moderne, elle pourrait lui dire : « Tu vois, ils n’ont plus de joie, ni d’espérance, ni d’amour »

Quand on voit tous les foyers déchirés, qui ne vivent plus l’amour qui doit les unir, quand on voit les haines entre voisins et même entre membre d’une même famille, lorsqu’on assiste aux injustices envers ceux que l’on exploite honteusement, qui se défendent par les manifestations, (les « gilets jaunes »), on peut dire que le vin de l’amour, de la joie, de la justice…manque cruellement à notre monde moderne.

Dieu veut toujours avoir besoin de nous pour semer la joie, comme il avait besoin des serviteurs au mariage, à Cana.

Qu’avec son aide, nous soyons des semeurs de vraies joies et d’espérance, des chrétiens heureux de savoir que le Seigneur est tous les jours avec nous, et portons-le à tous ceux que nous rencontrerons durant la semaine à venir. AMEN.