Homélie du 26e DTO – Père Bernard SCHER

26ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

29/09/2019 « C »

La lecture d’Amos et l’Évangile de ce 26ème dimanche ordinaire dénoncent ce que nous appelons aujourd’hui « la fracture sociale » : les très riches de notre société s’enrichissent de plus en plus, tandis que le nombre de pauvres, de gens qui n’ont pas les moyens de vivre décemment, ne cesse de croitre. Et la pauvreté n’est pas que matérielle : il y a la misère de ceux qui sont privés d’instructions, de considération sociale, d’accueil, de respect et d’amour.

Dans l’évangile, ce qui est étonnant, c’est que le riche n’a pas de nom, tandis que le pauvre s’appelle Lazare. Dans notre société c’est l’inverse, on connait en général le nom des riches, des gens bien en vue, mais très peu celui des pauvres.

Cette parabole risque de nous faire penser que le paradis appartient automatiquement aux pauvres, ce qui n’est pas toujours vrai : on peut être pauvre et en même temps très mauvais ; et tous les riches ne sont pas des crapules, ni des profiteurs : certains partagent, aident ceux qui sont dans le besoin. Ils mettent une partie de leur fortune au service des causes communes, pour le bien de la société. Les pauvres n’iront pas tous automatiquement au paradis et les riches en enfer ! La dernière phrase de cet évangile nous montre le chemin à suivre, que nous soyons riches ou pauvres : « S’ils n’écoutent pas Moïse ni les prophètes (je dirais : si nous ne vivons pas la Bonne Nouvelle que Jésus nous apporte) quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus »

Quelle est la différence entre le riche de l’évangile et le pauvre ? Le riche, qui invite des convives de son milieu à de grands festins, est incapable de voir le pauvre Lazare qui croupit devant sa porte, couvert d’ulcère, ‘soigné’ par les chiens , qui est malades, sale, et ne mérite aucune attention.

Plus tard il demandera à Abraham une goutte d’eau, alors qu’il n’a jamais donné une miette de pain.

Quelle est notre réaction quand nous croisons un pauvre sur notre chemin, sur le trottoir des villes ? Nous disons que nous n’avons rien à donner, ou bien nous détournons notre regard en changeant de trottoir. Ou bien nous mettons une piécette dans la boite qu’il nous tend…..et nous avons bonne conscience.

Le riche avait certainement bonne conscience, comme disent certains aujourd’hui : »Je n’ai pas tué, ni volé….donc je suis quelqu’un de bien ! » Etre chrétien c’est, avant tout être attentif, accueillant aux autres, les aimer, non pas en théorie, mais en « actes et en vérité », c’est voir celui qui a besoin de moi, que je me rends parfois invisible, comme le riche de l’évangile l’a fait pour Lazare.

Sommes-nous prêts à nous convertir chaque jour ? A prendre conscience que notre façon de consommer n’est pas neutre, à bousculer nos préjugés vàv des immigrés, des étrangers ? Suis-je prêt à agir avec d’autres afin de changer autour de moi ce qui va mal, ce qui avilit toute personne humaine ?

Dans cette Eucharistie le Christ nous appelle, une fois de plus, à nous unir à lui et entre nous, pour travailler continuellement à la construction d’un monde nouveau, plus juste et plus fraternel. Alors nous serons un jour, assis à la table du seigneur, avec tous les pauvres Lazare . AMEN.