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Dimanche des Rameaux – Homélie du Père Gérard ZAVADSKI, aumônier du MCR/VIE MONTANTE

Homélie du 05 avril 2020

DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSIION

Chers amis,

Voilà que nous allons fêter le dimanche des Rameaux et de la Passion du Christ, en pleine évolution du coronavirus, avec cette semaine, apparemment, une stabilisation des entrées en réanimation. Nous allons célébrer cette fête liturgique sans rameaux et avec parfois les reproches de nos proches qui disent : « Mais où est-il ton Dieu ? Pourquoi célébrer son entrée triomphale à Jérusalem alors que nous le trouvons absent chez nous ? »

Et nous pourrions rajouter la seconde partie du message de ce dimanche, la Passion, la mort de Jésus, qu’on peut voir « impuissant » entre les mains des hommes, le Sauveur prisonnier de la Croix.

Nous pouvons comprendre les interrogations de nos contemporains si nous ne voyons, comme eux, que la situation présente, immédiate de nos vies. Nous pouvons douter de notre Dieu si notre espérance ne s’appuie que sur l’immédiateté de la situation. Alors, nous sommes comme les Apôtres qui étaient désespérés au moment de la mort de Jésus et qui n’ont cru à ses paroles qu’au moment où Il s’est montré vivant, ressuscité à leurs yeux. Et pourtant ses amis l’avaient fréquenté pendant trois années ! Ils ont vu comment il guérissait, relevé, réintégré tous les rejetés de son époque… « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! »

Les rameaux de cette année que nous n’aurons pas, ces rameaux que nous élèverons pour saluer, honorer le Christ Jésus, ce seront nos mains que nous offrirons au Seigneur en lui disant « Hosanna, hosanna, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »

Oui, nous acclamerons notre Roi, Celui en qui nous mettons notre confiance, Celui qui nous sauve de la mort, Celui qui nous entraîne dans les bras du Père !

Cette semaine sainte s’ouvre donc par cette entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Et Jésus, pour une fois, accepte d’être fêté. La foule lui fait honneur, les malades accourent, les disciples sont aux anges et leur joie est communicative. De partout, on loue, on acclame Dieu, reconnaissant en Jésus son Envoyé et le fils de David promu roi.

Et pourtant, c’est la même foule qui, dans quelques jours, va laisser tomber Jésus. Le Christ l’avait annoncé plusieurs fois à ses disciples. Il n’est pas monté à Jérusalem pour ce triomphe mais pour réaliser son œuvre de rédemption par la croix.

C’est en effet la croix qui va nous révéler la véritable identité du Fils de Dieu. Sur le bois de la croix, Jésus n’est plus rien ? Ou plutôt si ! Il n’est plus qu’Amour !!!

La Croix nous révèle qu’il nous aime jusqu’au bout, qu’il nous fait le Don Total, absolu, définitif de lui-même.

Quelle est la raison profonde de la mort de Jésus ? Inutile de triturer les textes pour savoir s’il faut s’en prendre aux juifs ou aux romains. Le Christ est mort d’Amour.

S’il avait moins aimé, comme nous le faisons nous-mêmes, pour ne pas avoir d’histoires, il n’aurait pas mis sa vie en péril, il aurait flatté les prêtres, expliqué plus clairement à Pilate qu’il ne voulait pas prendre sa place. Oui, il avait trop aimé, il avait été trop bon.

Le Christ est mort d’Amour pour sauver l’homme de lui-même !

Le pape Benoît XVI a pu déclarer : « Je crois, et c’est vérifiable, que Dieu a fait irruption dans l’histoire d’une façon beaucoup plus douce que nous n’aurions aimé. Mais c’est ainsi qu’il répond à notre liberté. Et si nous souhaitons et approuvons que Dieu respecte notre liberté, nous devons respecter et aimer la douceur de ses mains. » Un peu plus loin, le pape dit très sincèrement : « C’est naturellement la question que moi aussi, comme vous je me pose : pourquoi Dieu reste-t-il aussi impuissant ? Pourquoi ne règne-t-il que de cette façon étrangement faible, et crucifié, comme quelqu’un qui a lui-même échoué ? Mais c’est manifestement ainsi qu’il veut régner, c’est la version divine du pouvoir. Et l’autre manière, qui consiste à forcer, imposer, user de violence, n’est manifestement pas celle de Dieu ». (J. Ratzinger (Benoit XVI) « Le sel de la terre » Ed. Flammarion. 1997, p. 213

La Croix nous révèle la miséricorde infinie du Père qui n’a pas hésité à nous donner son Fils. C’est cet Amour Sauveur qui définit Dieu. Ce qui demande, qu’à notre tour, nous vivions essentiellement d’amour pour Dieu et pour nos frères. « Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours » nous dit le prophète Isaïe dans la 1ère lecture.

C’est l’amour qui sauve, c’est la grande leçon de la Croix.

Nous qui sommes privés du rassemblement dominical dans nos paroisses, même si la télévision nous permet de vivre une communion spirituelle, nous vivons un jeûne eucharistique, nous ne pouvons participer au repas eucharistique. Prenons cela comme une chance car ce jeûne peut faire naître en nous une plus grande faim du Corps du Christ. Une fois les choses rentrées dans l’ordre, nous ne communierons sans doute plus comme avant. En attendant, découvrons de nouveaux chemins de vivre notre fidélité au Christ, le fait de lire les mêmes textes, de manger le même pain de la Parole, est une belle forme de communion spirituelle. Lorsque je prends des nouvelles des uns, des autres, lorsque j’encourage, j’aide, je suis en communion.

Avec la grâce de Dieu, notre carême qui s’achève, ce carême, un peu particulier, sera le nouveau départ d’une formidable aventure de foi où chaque fidèle communiera, en esprit et en vérité, au Christ et à ses frères en humanité.

La Semaine Sainte va culminer avec, bien sûr, la grande victoire sur la mort que constitue la Résurrection pascale ; on ne peut séparer la Croix de la Résurrection.

Nous vivrons donc cette fête des Rameaux dans l’Espérance, car Jésus nous a dit l’Amour du Père pour chacun de nous. Après la Croix, il y a la Résurrection. Voilà notre Espérance. Les Apôtres l’ont vue, ils y ont cru et l’ont transmise au monde.

Dans cette période de pandémie, où des pauvres manifestent en disant : » Laissez nous apporter du pain à nos enfants ! », dans cette période où des millions de personnes, africains, indiens, et tant d’autres… ne peuvent choisir qu’entre mourir de faim ou du virus, sans possibilités de se confiner, nous devons garder l’espérance d’un possible monde meilleur. L’après 1ère guerre mondiale a permis l’émancipation des femmes, elles qui ont assuré les travaux des champs, des usines, en l’absence des hommes partis au front. La 2e guerre mondiale a vu l’émergence de la sécurité sociale et des lois de protection sociale.

La Résurrection, plus forte que la mort, l’amour plus fort que la haine, la faiblesse aimante de Dieu plus forte que la puissance des rois de la terre, …. nous mettons notre confiance dans la Parole du Christ qui nous montre le chemin.

Pour finir sur une note d’humour, voilà une petite histoire vraie. C’est la réponse d’un prêtre à un ami qui ne se sentait pas assez digne de l’amour de Dieu et qui lui a répondu cela : « Contente-toi d’être l’âne qui a porté le Christ ! »

« Seigneur, en ce dimanche des Rameaux et de ta Passion, rappelle-nous que nous sommes aimés par Toi et que nous avons nous aussi à nous aimer. Que Ta Croix soit notre Force, pour avancer dans la vie en enfants de Lumière ». Amen

« Aux frontière de l’éternité et du temps se dresse le Christ ressuscité. Sa Résurrection donne sens à l’univers entier et à chacune de nos vies ».

Patriarche Athénagoras

Belle entrée dans cette Semaine Sainte

Prenez soin de vous et de vos proches

Abbé Gérard