Homélie du 10e dimanche du Temps Ordinaire – 10/06/2018

L’Évangile que nous venons d’entendre n’est vraiment pas facile à accepter : voilà que la famille de Jésus pense « Qu’il a perdu la tête « (qu’il est devenu fou). Elle vient le récupérer. Les siens savaient peut-être aussi que les scribes, qui sont venus exprès de Jérusalem pour l’arrêter, le traitent de « chef des démons »

Et pourquoi ces vives réactions contre lui ?

Il énonçait que Dieu était au milieu d’eux, il guérissait les malades, il osait même toucher les lépreux. Il pardonnait aux pécheurs chez qui il allait manger, il accueillait tout le monde, même les étrangers. Il était ouvert à tous ceux qui venaient à lui avec foi, il ne respectait pas le sacro-saint sabbat ; et il se permettait même de chasser les vendeurs hors du Temple. .Et à ceux qui viennent lui dire : « Ta mère et tes frères sont là-dehors, ils te cherchent ! » il répond sèchement : « Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. » Ainsi on peut comprendre les réactions violentes envers lui.

En ce temps où le Peuple juif et la Famille étaient sacrés, Jésus instaure une autre famille, un autre peuple, plus forts que le sang et la tradition, ouverts et accueillants pour toute l’humanité. Dieu lui-même est le Père très aimant de toutes ses créatures (et pas uniquement des juifs). Lui-même, Jésus est venu pour tous les hommes ; en mourant sur la croix il a donné sa vie pour tous : il le dira lors du dernier repas pris avec ses apôtres : « Ceci est mon corps… Ceci est mon sang versé pour la multitude »

Pour terminer je voudrais dire un mot sur cette parole très dure : « Si quelqu’un blasphème contre l’Esprit-Saint, il n’aura jamais de pardon ». Cette parole semble en contradiction avec le pardon, la miséricorde sans limite de Dieu. Ce péché consiste à déclarer mal ce qui est bien et réciproquement ; c’est, en quelques sortes excuser mes péchés, et, par le fait même essayer de les supprimer. C’est une défiguration de l’action aimante de Dieu en dessein maléfique ; c’est une fermeture délibérée des yeux et du cœur à la vérité. Dans ce cas extrême, le pardon ne peut atteindre son but, non parce que Dieu ne veut pas pardonner, mais parce que l’homme, dans sa liberté, s’oppose à ce pardon.

Dans le « Notre Père » nous disons si souvent ces paroles : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons… Ne nous laisse pas entrer en tentation… »

Que le Seigneur nous donne un regard éclairé qui discerne les signes de sa présence aimante dans nos frères et sœurs et dans le monde, et que nous nous efforcions à toujours croire en son amour universel et à nous conformer à sa volonté.

Dans cette Eucharistie, accueillons sa présente aimante qui nous aidera à vivre et à témoigner en chrétiens tous les jours

AMEN.

Abbé Bernard SCHER