Homélie du 11 dim. du Temps Ordinaire – 17/06/2018

Nous connaissons certainement cette affirmation de St Exupéry, dans ce beau petit ouvrage, ‘Le petit prince’ : ‘On ne voit bien qu’avec le cœur ; l’essentiel est invisible pour les yeux !’ Devant ceux qui voient le Royaume de Dieu comme une grande puissance, ceux qui veulent revenir à une Église où renaisse le pouvoir, Jésus nous présente ces deux petites paraboles : « Le Royaume de Dieu est comme la semence jetée en terre… comme une toute petite graine de moutarde … »

Lorsque le semeur a jeté la semence en terre il n’en est plus maître ; elle se développe sans lui, dans cette terre qu’il a auparavant préparée de son mieux, et qu’il continue de soigner. Il se remettra à l’action lorsque la récolte sera prête.

Mais qu’est-il donc ce ‘Royaume’, ce ‘Règne de Dieu’ dont Jésus parle si souvent ? Il n’est pas question d’autorité, ni de pouvoir temporel ; il n’est lié à aucun pouvoir politique. Dieu règne comme un Père qui donne son Amour et qui est intensément présent à tous ses enfants.

Ce règne se manifeste dans la manière de vivre chez ceux et celles qui sont vraiment ses disciples et qui se laissent guider par son Esprit. Son règne s’étend partout où des hommes, des femmes se réconcilient, font la paix en se libérant de la haine de la vengeance, du mépris. Il grandit là où se vit l’accueil, l’entraide, le respect des plus petits.

Le règne de Dieu est la collaboration entre l’homme qui prépare le terrain et Dieu qui fait pousser la semence, qui est toujours là malgré les difficultés de croissance. Ézéchiel, dans la première lecture, nous parle sur le même ton : Israël, déporté à Babylone, était au bord du désespoir ; le prophète a su lui transmettre une espérance formidable qu’il puise dans sa foi en Dieu et Paul lui aussi, malgré les difficultés, nous invite à l’espérance :

« Frères, nous gardons toujours confiance car nous cheminons dans la foi »

Souvent nous avons des réactions défaitistes : « Ca n’avance pas. L’Église fait marche arrière dans certains domaines… les gens sont égoïstes, individualistes… les églises se vident et il y a de moins en moins de prêtres. » Nous sommes souvent pressés, mais le Royaume de Dieu progresse lentement dans notre monde moderne. Sommes-nous capables de voir ce qui germe en silence ans le monde d’aujourd’hui, dans le cœur des hommes de bonne volonté ? Le règne de Dieu ne grandit pas forcément sous l’effet d’événements spectaculaires ni de grandes manifestations religieuses si belles soient-elles. Chaque simple et humble geste de foi, d’amour est signe d’espérance ; geste de service du prochain, de partage, d’accueil, de pardon et de paix. Ce sont des bourgeonnements lents et prometteurs de la naissance d’un monde nouveau.

Parce que nous croyons que le Christ Ressuscité a vaincu le Mal, et qu’il est vivant aujourd’hui parmi nous, nous sommes sûrs que son Esprit est à l’œuvre en nous et dans notre monde où il agit lentement, mais sûrement.

Quelles est la terre que je prépare en moi et autour de moi, pour que la Bonne Nouvelle puisse germer, et lever en portant beaucoup de fruits ? Est-ce que je crois vraiment que l’Espérance est le fruit de la patience ?

Est-ce que je fais confiance à Dieu qui travaille discrètement et ne nous abandonne jamais.

Que, dans nos Eucharisties, la Parole de Dieu nous transforme lentement pour que nous portions des fruité d’amour, de joie et d’espérance.

AMEN.

Abbé Bernard SCHER