Déjà depuis plusieurs décennies le manque de prêtres, dans nos civilisations occidentales, se fait cruellement sentir ; leur nombre diminue régulièrement : cette année, dans notre diocèse de Metz, il n’y a eu qu’une ordination d’un diacre, aucun prêtre ! Et 5 prêtres ont pris leur retraite. Les paroissiens se lamentent parce qu’il n’y a plus de messe tous les dimanches, parce qu’on n’arrive plus à joindre la curé « qui n’est jamais là », etc.
Cette situation nous invite à nous poser la question de notre vocation de chrétiens, de notre place de laïcs engagés dans l’Église.
Jésus, venu parmi nous aurait pu remplir sa mission tout seul, mais il voulait avoir besoin des hommes, et il en a appelé une douzaine à venir travailler avec lui ; lorsqu’il les a invités ils ne le connaissaient pratiquement pas, et pourtant ils l’ont suivi sans hésiter. Peut-être que l’un ou l’autre pensait y gagner quelque chose ; d’autres rêvaient d’une bonne place dans le Royaume. Et on pensait aussi que ce Jésus réussirait à libérer le pays du joug des romains. Ils étaient certainement heureux d’avoir pour ami un tel homme qui parlait si bien et qui faisait des miracles.
Jusqu’à présent ils étaient ‘spectateurs’ (comme beaucoup de chrétiens à l’Église) et voilà que Jésus les invite à devenir ‘acteurs’ : « Il commença à les envoyer en mission deux par deux » Ce qui est étonnant c’est qu’il ne leur prescrit pas ce qu’ils doivent dire – il leur fait confiance – Il croit en ces hommes dont la foi est pourtant encore très fragile ; en leur confiant la mission d’annoncer la Bonne Nouvelle, il leur donne également le pouvoir de guérir les malades et de chasser le mal. Pour leur mission ils n’emportent pas grand-chose : un bâton et des sandales pour marcher : il est important pour eux de pouvoir être toujours en route, toujours disponibles.
Il les envoie deux par deux pour donner plus de poids à leur témoignage, pour mieux réussir leur mission : une équipe de foot ne gagne pas uniquement parce qu’il y a l’un ou l’autre excellent joueur, mais parce qu’elle est soudée, cohérente et qu’elle joue ‘en équipe’. Aujourd’hui ce sont nous les chrétiens du 21ème siècle qui sommes appelés à construire l’Église ensemble, prêtres et laïcs, chacun selon sa mission propre. Agir en « franc tireur », faire de la mission une affaire personnelle, ne peut aboutir qu’à des résultats incomplets.
Avec le manque de prêtres, le travail en équipe est de plus en plus indispensable car l’amitié, la paix, la justice que nous annonçons nous devons d’abord les vivre ensemble, souvent avec des moyens pauvres qui sont les plus efficaces : ce sont l’accueil, le service, la simplicité dans nos relations humaines, la solidarité, l’espérance et la joie. Des bénévoles font aujourd’hui un travail extraordinaire, souvent avec de petits moyens, mais avec un grand cœur rempli d’amour.
Jésus prévient ses apôtres : ils ne seront pas toujours bien accueillis : les découragements devant l’indifférence de beaucoup aujourd’hui, même les persécutions et les rejets nous guettent aussi. Mais Jésus nous donne encore autorité sur les esprits mauvais qui s’appellent appât du gain, égoïsmes, racismes de toutes sortes….
Chers amis, à la suite des apôtres envoyés par Jésus, soyons semeurs de la Bonne nouvelle dans notre vie de chaque jour et pour cela recevons la force de l’Eucharistie.
AMEN.
Abbé Bernard SCHER