Homélie du 22e dimanche du Temps Ordinaire – 02/09/2018

Personne n’aime être traité « d’hypocrite ». Ce mot, qui vient du grec, signifie « feindre », « faire semblant », bref « ne pas être honnête, tromper les autres ».

Pour les pharisiens, qui sont des religieux juifs très pratiquants de la loi de Moïse, scrupuleusement fidèles à tous les rites, à toutes les observances de la religion juive, c’était scandaleux d’être traités « d’hypocrite » par ce jeune prophète (qu’ils ne portaient d’ailleurs pas dans leur cœur).

Jésus ne critique absolument pas leur fidélité, il leur reproche de vider ces pratiques  de leur véritable sens, de rester uniquement fidèles à la lettre et d’en négliger l’esprit.

Mais, ne sommes-nous pas concernés, nous aussi, par ces critiques de Jésus ?

Nous savons bien que nous avons besoin de lois pour nous construire humainement et religieusement ; sans loi on ne peut pas grandir en humanité, ni vivre ensemble, et toute loi est contraignante, mais il nous faut des repères personnellement et en société.

Comme chrétiens nous exprimons notre foi extérieurement en respectant des rites : les sacrements, surtout l’Eucharistie, les prières personnelles ou collectives ; certains reviennent avec joie aux processions et aux adorations ‘comme dans le temps’. Mais une religion qui ne s’exprime que dans des pratiques extérieures, à base de cérémonies, si belles et si grandioses soient-elles, risque de donner bonne conscience et de se croire dispensé, à bon compte, de la justice et de la charité. Les rites ne portent des fruits que s’ils expriment notre vie intérieure, notre relation intime avec Dieu ; ils sont importants, mais c’est avant tout la fidélité du cœur, ce que nous portons en nous, l’amour, la joie, l’espérance que nous exprimons dans notre vie concrète, qui fait de nous de vrais disciples du Christ.

Nous sommes réunis ce matin avec le Seigneur pour le célébrer, le remercier, le prier. Quelle incidence ma participation à cette Eucharistie aura-t-elle sur mes choix de vie, sur mes relations en famille, avec les voisins, au travail ou ailleurs, durant les prochains jours ?

« Mettez la Parole en pratique, nous dit St Jacques dans la deuxième lecture, ne vous contentez pas de l’écouter, ce serait vous faire illusion… » et il ajoute : « Un comportement religieux c’est de visiter les veuves et les orphelins dans leur détresse…. » Les veuves et les orphelins de l’époque, représentent tous les pauvres d’aujourd’hui : les personnes âgées qu’on laisse seules, les ‘non productifs’, les étrangers, les immigrés que l’on évite ou que l’on rejette si facilement, avec toujours de bonnes raisons. Jésus nous invite, aujourd’hui encore, non seulement à suivre des rites extérieurs, si beaux soient-ils, pour nous donner bonne conscience, il nous demande surtout de convertir sans cesse notre cœur, pour l’ouvrir à son amour et à l’accueil des autres.

Ne faisons pas semblant d’être croyants : faisons des choix, parfois cruciaux, pour être activement des semeurs de foi, d’espérance et pour vire l’amour que Dieu a mis dans nos cœurs. Que la Parole de Dieu que nous entendons à chaque messe, ne reste pas lettre morte ni belle théorie,  mais que nous la mettions en pratique chaque jour de notre vie.

AMEN.

Abbé Bernard SCHER