Homélie du 24e dimanche du Temps Ordinaire – 16.09.2018

« Pour vous, qui suis-je ? » Nous serions peut-être décontenancés, si Jésus était devant nous pour nous poser cette question ! Quelle serait MA réponse ?

Ce « sondage d’opinion » de Jésus auprès de ses apôtres montre la difficulté qu’il rencontre à être reconnu sous sa véritable identité ; les gens ont une opinion sur lui, mais leurs avis sont très flous : ils voient en Lui Jean Baptiste, ou Elie, ou un autre prophète ; ils ont plusieurs visages de lui, au gré de leurs attentes, de leurs idées.

Jésus, qui connaissait le fond de leur cœur, voulait que ses intimes s’expriment ouvertement à son sujet. Et c’est Pierre, qui s’affirme comme meneur, qui dit en leur nom, clairement : « Tu es le Christ, le Messie ! » Mais quel sens met-il derrière cette affirmation ? Qui est ce Christ pour lui ? Il n’a pas compris grand-chose puisqu’il se fait remettre vertement en place, lorsqu’il n’accepte pas que ce Christ soit mis à mort par ses ennemis. Il se permet de « lui faire de vifs reproches » Comme beaucoup de juifs, il a encore des rêves politiques sur ce Messie, qui doit venir libérer le peuple juif de l’occupation romaine.

Jésus affirme clairement les conditions que doivent suivre ceux qui veulent être ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. », qu’il mette toute sa foi en moi. Programme pas très exaltant pour ceux qui attendent un Messie Tout Puissant !

L’Église qui est en perte de vitesse aujourd’hui, (et elle n’est certainement pas encore au fond de la vague) n’a pas toujours su marcher derrière le Christ en portant sa croix. Trop longtemps elle était une puissance qui imposait son autorité, même aux autorités, aux dirigeants de ce monde. Le peuple des fidèles devait ‘marcher droit’ ; les plus anciens d’entre nous s’en souviennent encore.

Notre FOI de chrétien n’est pas quelque chose que nous possédons précieusement dans notre poche ; elle doit être une vie, une action qui passe souvent par la souffrance et par la croix. Saint Jacques nous le dit bien dans la deuxième lecture de ce dimanche: « Si quelqu’un prétend avoir la foi, alors qu’il n’agit pas… cela ne sert à rien. C’est par nos actes que nous montrons notre foi… » Oui, frères et sœurs, c’est par nos actions quotidiennes envers les autres, par nos gestes d’accueil, de partage, d’amour et d’espérance que nous suivons le chemin que Jésus nous trace. Il ne suffit pas de dire que je crois en Dieu, encore faut-il le vivre, le montrer. Si ce n’est pas le cas, nous risquons de nous faire rappeler à l’ordre par Jésus, comme le fut Pierre qui pourtant a exprimé un acte de Foi très beau.

Chers amis, à la question très personnelle que Jésus me pose durant cette Eucharistie : « Pour toi, qui suis-je ? » que vais-je répondre ?

Transformées par la grâce du Seigneur durant cette messe, puissions-nous dire, nous aussi, en vérité, à la suite de saint Jacques :

« Moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai ma foi. »

AMEN.

Abbé Bernard SCHER