Homélie du 29e dimanche du Temps Ordinaire – 21.10.2018

Dans notre monde moderne il existe encore des pays où les dirigeants exercent un pouvoir opprimant sur les personnes. Même dans nos pays démocratiques nous ne sommes pas toujours à l’abri de l’autoritarisme, même si l’on prône « la liberté, l’égalité, la fraternité ». La tentation de « faire sentir son pouvoir », plus ou moins arbitraire n’est pas absent de nos entreprises, nos associations, nos familles, ni même de notre Église dans laquelle le pape François se bat contre « le cléricalisme » qui existe encore et que les plus anciens d’entre nous ont bien connu, qui donnait un grand pouvoir au curé du village. Il y en a encore beaucoup qui cherchent la meilleure place, qui veulent être aux premières loges, qui courent après le pouvoir.

Ce fut déjà le cas du temps de Jésus, où nous voyons Jacques et Jean, deux de ses intimes, réclamer la première place : « Donne-nous de siéger l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans le Royaume ». Rien que cela ! Ce n’est pas étonnant que leurs amis se mirent à s’indigner contre eux. Pourtant Jésus, par ses paroles et par ses actes, leur a montré le chemin de l’humilité et du service. Il a reconnu qu’il était le Maître et le Seigneur, les gens ont dit qu’il enseignait avec autorité. Et lui-même affirmait  qu’il était venu non pas pour être servi, mais pour servir ; il l’a montré en lavant les pieds de ses amis le soir avant sa mort. Il était toujours au service de ceux qui venaient vers lui, qui avaient besoin de lui.

Pour le bon fonctionnement d’un groupe une autorité bien utilisée, respectueuse de tous, est indispensable, sinon c’est la pagaille. Jésus lui-même a donné des chefs à son Église, les apôtres et leurs successeurs, les évêques. Mais, comme lui ils doivent être, des serviteurs du Peuple de Dieu. Pour nous aucun pouvoir ne doit comporter une volonté de domination, ni une recherche d’intérêt personnel. Dans l’Église il fut un temps où l’on nommait le pape « le serviteur des serviteurs de Dieu ». François, notre pape actuel essaie certainement de vivre cela, mais il n’est pas accepté par tous les chrétiens.

Dans notre vie quotidienne, voulons-nous toujours avoir la première place, comme Jacques et Jean ? Si nous avons une parcelle d’autorité, dans quelque domaine que ce soit, comment l’utilisons-nous ?

Marcher à la suite du Christ, c’est se dépouiller de soi-même, se rendre humble et simple pour se mettre, avec amour, au service de ceux qui ont besoin de nous, comme Jésus l’a fait.

Le Concile ‘Vatican II’ nous le rappelle : ‘nous sommes serviteurs lorsque nous partageons les joies et les peines, les tristesses et les angoisses de ceux et de celles qui souffrent, lorsque nous nous montrons solidaires, surtout des plus pauvres.’ C’est de cette façon-là que nous avons le droit de revendiquer une place d’honneur.

Dans l’Eucharistie, Jésus se donne à nous sous l’humble apparence du pain et du vin pour nous rappeler qu’il est venu pour le service de tous. Soyons, non pas des gens qui recherchent les meilleures places, mais des chrétiens  qui se mettent joyeusement au service de l’Amour de Dieu pour tous les hommes.

AMEN.

Abbé Bernard SCHER