Au cours de l’histoire, les hommes ont plusieurs fois attendu le Royaume de Dieu sur terre : certaines sectes annonçaient périodiquement la fin du monde, les communistes attendaient et construisaient ‘le grand soir du paradis sur terre’…. Et tous les ans, à la fin de l’année liturgique, l’Église nous fait célébrer LE CHRIST ROI DE L’UNIVERS. La royauté, dans l’histoire de notre pays, nous rappelle ce temps où le petit peuple était écrasé par les puissants, époque qui devrait être révolue au 21ème siècle.
Alors qu’en est-il de cette Royauté du Christ ? Dans l’esprit de beaucoup c’était placer la souveraineté du Christ, peut être pas au même niveau, mais tout de même en rivalité avec les autres pouvoirs totalitaires. C’est d’ailleurs ce que Jésus a voulu éviter durant toute sa vie : chaque fois qu’on a voulu le proclamer roi, Il s’est échappé. Après la multiplication des pains, Il s’est retiré au désert, Il est entré à Jérusalem, le jour des rameaux, assis sur un âne. À la réflexion moqueuse de ses ennemis, au pied de la croix : « Si tu es le roi des juifs descends de la croix » Il est resté muet. Et même la pancarte que Pilate à fait accrocher au dessus de sa tête : « Celui-ci est le roi des juifs », ne l’a pas dérangé.
L’explication de cette fête d’aujourd’hui réside dans cette réponse de Jésus à Pilate qui lui demandait s’il était roi : « Oui, je suis roi, mais ma royauté ne vient pas de ce monde…. »
Lors de sa passion, les soldats se sont moqués de Lui : ils lui ont mis une couronne d’épines sur la tête, l’ont vêtu d’une tunique rouge et lui ont mis un roseau en guise de sceptre dans la main. Ils se sont prosternés devant Lui en l’injuriant. Et son trône royal était une croix. Drôle de roi ! Au milieu de ceux-là, il n’y avait qu’une poignée de fidèles qui sont restés au pied de la croix : sa mère, son ami Jean, quelques femmes…. Et, pendu à côté de Lui, un malfaiteur qui se repens et fait un acte de foi formidable en ce condamné comme lui : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton règne. ». Et Jésus le déclare saint : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis »
La dignité du CHRIST-ROI c’est de faire don de sa vie, de s’identifier, non pas aux puissants de cette terre, mais à l’homme blessé et rejeté : « J’ai eu faim, j’ai eu soif… et vous m’avez aidé. » Il a toujours pris la place du serviteur. Aujourd’hui encore Il veut triompher, non pas par la puissance, mais par la pauvreté, l’échec apparent, la souffrance et la mort sur la croix. C’est ce roi-là qui doit être notre modèle de chrétiens, notre guide. Et nous devons agir, avec Lui ; nous mettre, concrètement au service de Dieu et de nos frères et sœurs. Mais trop souvent, comme le peuple, « nous restons là, à regarder. » Nous continuons à vivre notre vie bien tranquillement, en laissant les autres se débrouiller.
Pendant des siècles l’Église était triomphaliste, du côté des puissants de ce monde sur lesquels elle exerçait même un pouvoir certain. Heureusement qu’aujourd’hui il n’en est plus ainsi ; nous sommes le « petit reste ».Nous n’exerçons plus de pouvoir « matériel » sur le monde ; nous sommes appelés à continuer de construire le Royaume de Dieu sur terre, non pas en écrasant les autres, ni en imposant notre volonté, mais par le service, par l’amour et l’accueil, à l’exemple de Jésus. C’est ce que nous rappelle sans cesse notre Pape François.
Soyons les témoins vivants et agissants de ce Royaume de paix, d’amour et de justices pour tous nos frères, les hommes, surtout les plus pauvres. Alors nous pourrons dire en vérité ces paroles du Notre Père : « …que ton Règne vienne !… »
AMEN.
Abbé Bernard SCHER