Homélie du 7e DTO – Abbé Bernard SCHER

SEPTIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

23/02/2020 « A »

Vous ne croyez pas que les paroles que Jésus vient de nous dire dans l’Evangile sont exagérées ? Il y va un peu fort, non ? : » Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tend-lui la gauche… » et en plus, il nous dit : »Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent… » On est loin de la réflexion de ces parents à leur fils : « Si ton copain t’embête à l’école, casse-lui la figure….Ne te laisse pas faire ! »

Effectivement la faiblesse est mal vue de nos jours ; et pourtant les faibles, les sans-domicile-fixe, les ‘exclus’ parce que étrangers, immigrés, les plus pauvres et les exploités ne manquent pas dans notre monde de riches.

Dans ce contexte-là le « œil pour œil, le dent pour dent » de l’Ancien Testament est toujours encore d’actualité et l’on peut traiter de ‘folie’ les conseils de Jésus, mais c’est la ‘ folie’ de Dieu. En nous demandant cela, Jésus nous révèle la façon d’agir de son Père et notre Père, qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et qui fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes.

Vous me direz que ce sont là des préceptes impossibles à vivre aujourd’hui où les injustices font des ravages à tous les niveaux, où ceux qui n’ont pas les moyens de se défendre sont écrasés sans scrupules. Mais il y a des personnes encore proches de nous, qui ont vécu ces conseils avec courage et qui ont eu des résultats : Martin Luther King, Nelson Mandela, Gandhi, l’Abbé Pierre et bien d’autres inconnus qui continuent de lutter, et parfois donnent leur vie pour faire advenir la paix et la justice et pour supprimer les racismes de toutes sortes.

Jésus ne nous appelle pas à la passivité totale, ni à la soumission servile ; il ne nous demande pas de « passer l’éponge » ni d’oublier ( on me dit parfois : ‘je pardonne, mais je ne peux pas oublier’). Il n’y a d’ailleurs pas de pardon sans vérité, il n’y a pas d’amour sans justice : lorsque le serviteur qui voulait se faire bien voir, a giflé Jésus lors du procès devant le grand prêtre, Jésus n’a pas tendu l’autre joue ; il l’a invité à faire la vérité, il lui a demandé : « Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Pourquoi me frappes-tu ? » Comme il était tout-puissant, il aurait pu le terrasser d’une seule parole, mais il n’a pas répondu à la violence par la violence.

« Aimez vos ennemis et priez pour eux…. » C’est encore la même chose !