Entre Pâques et Pentecôte : l’Ascension

Chers amis,
Encore une semaine de passée.
Nous voici dans ce temps liturgique si particulier qui nous annonce la venue de l’Esprit Saint annoncée par Jésus.
C’est l’occasion de continuer de l’invoquer avec le puissant secours de Marie pour nous soutenir dans tout ce que nous vivons et dans ce que notre monde traverse en vivant ce fléau.
Comme toujours nous célébrerons encore à huis clos en lien avec toutes vos intentions.
 
Recevez ci-joint deux méditations pour ce dimanche et l’Ascension.
Restons forts et unis dans la pensée et la prière partagées en communion les uns avec les autres et bien sûr toujours avec nos frères et soeurs malades et isolés et souffrant et ceux qui les accompagnent.
 
Dans cette période si troublante et troublée il faut apprendre à vivre avec tous ces changements de réflexes et de rapports aux choses et aux personnes (gestes barrières, sanitaires…) mais en gardant toujours à l’esprit l’humanité, la convivialité, le respect mutuel.
 
Bon courage à tous
En union de prière et de pensée,
 
L’équipe des prêtres

 

6e dimanche de Pâques 17 mai 2020.

Ac 8, 5-8.14-17 ; 1P 3, 15-18 ; Jn 14, 18-21

Aux lendemains de Pâques, les disciples de Jésus sont passés du découragement à une joie croissante : ils deviendront de plus en plus les témoins enthousiastes de la Bonne Nouvelle de la résurrection de Jésus. Ainsi les disciples d’Emmaüs sont revenus à Jérusalem pour dire comment ils avaient rencontré le Seigneur ; et bientôt, après la Pentecôte, ce sera la grande dispersion sur les routes du monde pour annoncer le monde nouveau inauguré avec la Résurrection. Pourtant, les Actes des Apôtres nous montrent qu’à la suite de leur Maître, les disciples du Christ ont vite rencontré l’épreuve de la persécution. (Paradoxalement, c’est la persécution qui va déclencher l’extension de la mission). Dans la seconde lecture nous avons vu comment Pierre demandait aux nouveaux convertis de ne pas avoir peur, et d’avoir le courage de rendre compte de l’espérance toute neuve qui les animait. Rendre compte de sa foi, ce n’est pas se lancer dans des argumentations compliquées, mais c’est témoigner courageusement et simplement d’une vie renouvelée par le message de Jésus. Tous les chrétiens de l’époque, comme d’ailleurs les disciples de Jésus pendant sa passion, n’ont pas été héroïques : certains ont même renié leur foi au moment du danger. Saint Pierre, qui avait lui-même trahi le Seigneur, saura trouver les paroles pour encourager les nouveaux convertis. Le message de Pierre nous rejoint dans la situation qui est la nôtre : dans bien des pays, ceux qui veulent rester fidèles à leur foi en Jésus-Christ sont persécutés et mis à mort. Des chrétiens peuvent être décapités ou pendus parce qu’ils croient au Christ, Fils de Dieu ; et nous savons qu’au Moyen Orient, dans certains pays d’Afrique ou d’Asie leur situation est souvent tragique. Dans notre pays, les chrétiens ou les « cathos » comme on dit, ne sont pas en danger, mais ils sont parfois ridiculisés  à l’école, au bureau ou même en famille ; dans certains cas ils risquent la condamnation s’ils n’appliquent pas certaines lois qui s’opposent à l’Evangile.
Dans le prolongement de cette lettre de Pierre, l’évangile nous apporte un éclairage réconfortant : dimanche dernier, Jésus nous disait : « Je suis la voie, la vérité, la vie » ; aujourd’hui, Il ajoute : « Je prierai le Père, il vous enverra un Défenseur qui sera toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité ». Rappelons-nous que cet Esprit de vérité nous a été donné au jour de notre baptême et de notre confirmation. Sommes-nous ouverts à cette lumière et cette force qui nous est proposée ? Pierre disait aux chrétiens de sa communauté que pour être disponibles à cette vérité il fallait déjà avoir une conscience droite ; (il précisait d’ailleurs qu’il « vaudrait mieux souffrir pour avoir fait le bien que pour avoir fait le mal ! ») Et Jésus, dans l’Evangile, dit « si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements » On voit bien par-là que l’adhésion et la fidélité à la foi n’est pas d’abord une question de raisonnements compliqués ou de volonté inquiète : mon intelligence ne peut accéder paisiblement à la vérité de la foi et ma volonté y rester fidèle que si l’amour du Christ m’habite : il me donne alors la lumière de son Esprit Saint pour m’aider à « voir » ce qu’un cœur encore trop replié sur soi ne discernera qu’avec difficulté. Dans l’ordre de la foi, la Vérité est identifiée à une seule personne, le Christ : nous avons beaucoup de chemin à faire pour connaître tout de lui, mais un enfant peut déjà savoir au fond de lui-même qu’il est la Vérité : une vraie rencontre dit toujours plus qu’un discours.
Jésus nous dit qu’Il est la fois la vérité de Dieu et la vérité de l’homme. Il avait annoncé  « Vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi et moi en vous » : c’est à travers lui que nous découvrons qui est Dieu et qui est l’homme. Le Christ est la vérité sur Dieu : «  qui me voit, voit le Père » disait-il ; tout son comportement nous révèle le vrai visage de Dieu, un Dieu qui est Père et qui aime chacun de ses enfants. En voyant vivre Jésus nous découvrons aussi la vérité de l’homme, tel que Dieu l’a fait et le veut en le sauvant par son Fils : totalement libre, pleinement responsable de ses actes, vrai avec lui-même et avec les autres. Il suffit de relire la parabole du fils prodigue et de tourner chaque page de l’évangile pour y découvrir que Jésus est vrai : vrai dans ce qu’il dit, vrai dans la conformité de sa vie à ses paroles : du fond de nous-mêmes, avec l’aide de l’Esprit, jaillit en nous le désir de nous identifier à Lui, devenir nous-mêmes « vrais ». Et en cela nous nous rapprochons du Dieu de vérité.
Puissions-nous passer nous aussi du temps de l’épreuve à celui de la joie. En ces temps de Pâques la Parole de Dieu nous y aide : l’épreuve elle-même nous a préparés, avec l’action silencieuse de la grâce au fond de notre cœur, à mieux nous rendre compte, et mieux rendre compte aussi de l’espérance qui est en nous depuis notre baptême. Que le Christ nous aide à mieux le voir et mieux en être les humbles témoins.

 

 

 

Ascension 21 mai 2020

Ac 1, 1-11 ; Ep 1, 17-23 ; Mt 28, 18-20

En cette fête de l’ascension nous découvrons que le Christ ressuscité est revenu vers nous dans un nouveau mode de présence : Jésus l’avait bien dit à ses disciples : je m’en vais et je reviens vers vous. Il est là désormais, avec son Esprit, plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes. En venant en nous et dans la vie de tout le peuple de Dieu, le Christ nous fait en même temps monter avec lui dans le mystère de la vie de Dieu lui-même. En effet si le Fils de Dieu est descendu vers nous, c’est pour nous faire monter avec lui vers son Père. Aujourd’hui notre Seigneur Jésus-Christ monte au ciel , disait St Augustin, que notre cœur y monte aussi.
Jésus a dit à ses disciples : Ne restez pas là à regarder le ciel» ! Le Royaume , la foi que nous vivons, n’est pas dans un « ailleurs » ou un « lendemain » incertain : avec l’aide de l’Esprit, il est déjà au milieu de vous  et, à la suite des apôtres, nous en sommes aussi les bâtisseurs, au cœur de notre monde. Cette mission est un signe de confiance et une responsabilité immense, mais Jésus rassure tous ses disciples d’hier et d’aujourd’hui et il nous rappelle qu’il nous garde et nous soutient : Le monde aura beau nous bousculer, nous persécuter, nous faire croire que tout est perdu d’avance, soyons assurés que vous aurons toujours auprès de nous l’Esprit Saint, le Défenseur qu’Il a promis.
Jésus nous rassure dans notre mission en nous transmettant de réels pouvoirs : en son nom, nous pourrons chasser les esprits mauvais ; c’est-à-dire que lorsque se manifestera le mal fondamental de la haine et de violence, nous recevrons la grâce d’être des bâtisseurs de paix, capables de chasser la haine par la folie de l’amour. Alors que depuis Babel, les hommes n’arrivent plus à se comprendre, les chrétiens pourront inventer les langages nouveaux de la communion entre les personnes et les cultures ; ce sera la mondialisation de l’amour en quelque sorte ! Lorsque l’Eglise sera atteinte par le venin de la calomnie et de la dérision, elle en sortira finalement indemne et grandie, à la surprise de tous : l’amour et la miséricorde finissent toujours par être victorieux ! Les disciples de Jésus imposeront les mains aux malades, étant hier comme aujourd’hui, les premiers à venir réconforter les petits et ceux qui souffrent : ce sera notre joie comme elle a été et reste celle de Jésus.
Suivons le chemin des apôtres : dès qu’ils sont sortis du cénacle, la joie qui les habitait et les signes qu’ils faisaient bouleversaient beaucoup de gens, qui se faisaient alors baptiser. Ils ont trouvé un monde triste et où les pauvres vivaient dans la peur. Aujourd’hui encore, nous voyons combien les peuples nouvellement évangélisés sont habités par la joie, de même que nos communautés chrétiennes qui se renouvellent en devenant missionnaires. Nous sommes bouleversés quand nous voyons des chrétiens de Syrie, d’Irak ou d’ailleurs rester fidèles dans leur foi : Ces chrétiens nous encouragent en nous rappelant que la croix est toujours là, aube toutefois des résurrections de demain. En tout cela, la force promise par le Christ ne cesse de nous être donnée.
En quittant ses disciples, Jésus leur a dit : celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Oui nous sommes bien conscients de ce que le baptême nous a offert un extraordinaire chemin de salut : que l’Esprit Saint nous aide à y être fidèles. La phrase de Jésus parle aussi des refus de croire qui viennent de l’orgueil et de la mauvaise volonté. Beaucoup de gens dans le monde ne croient pas, ou sont dans l’obscurité de la foi : ils ne sont pas pour autant dans le refus de croire. Ainsi, dans nos pays, les jeunes générations n’ont pas entendu parler de Dieu et du Christ de telle façon qu’ils puissent l’aimer ; ils ont surtout entendu des remises en question de la foi et de l’Eglise. Certains, entendant une explication toute simple des vitraux de leur église, sont soudain émerveillés et disent pourquoi nous avait-on caché tout cela ? Nous devons faire en sorte en tout cas, si nous avons la joie d’avoir la foi, d’apprendre à rendre compte de l’espérance qui est en nous. Seul l’Esprit Saint peut nous aider à être de vrais témoins en nous donnant de vivre nous-mêmes transformés par l’amour du Christ
En ces jours qui nous rapprochent de la Pentecôte demandons à l’Esprit Saint de préparer notre cœur afin qu’après le temps d’épreuve le souffle de son amour brûle notre cœur comme il brûlé celui des disciples, faisant que désormais, rien ne soit plus comme avant. Prions-le de nous aider à mieux vivre la Vérité. Aujourd’hui, nous te prions, Seigneur : viens raviver le don que tu nous as fait au jour de notre baptême et de notre confirmation. Qu’il nous inspire et nous soutienne pour témoigner concrètement de la joie et de l’espérance qui nous sont donnés par l’Esprit du Christ ressuscité. Amen