Homélie du 29e DTO – Père Bernard SCHER

29ème Dimanche Du Temps Ordinaire

18/10/2020 « A »

Parler d’impôts, aujourd’hui comme jadis, c’est toujours très délicat, parce que le porte monnaie est une ‘zone’ très sensible. « Les petits paient trop d’impôts qui sont d’ailleurs mal répartis… Il y a toujours les fraudes fiscales, même aux plus hauts niveaux… » Et les récriminations continuent dans ce sens. Lorsqu’il y va de notre porte monnaie certains sont capables de faire n’importe quoi.

C’est sur ce terrain-là que les pharisiens, qui, à cette occasion s’unissent à leurs ennemis, les partisans d’Hérode, tendent un piège à Jésus, dans lequel, d’après eux, il doit automatiquement tomber : s’il dit « oui », il se discrédite auprès du peuple, qui hait l’occupant romain ; s’il dit « non », on le dénoncera comme antigouvernemental auprès des autorités romaines qui le puniront parce qu’ils sont très pointilleux sur les questions d’argent.

Sur les pièces de monnaie que possédaient les pharisiens étaient inscrit les mots : »Tibère, divin César » car les empereurs exigeaient qu’on leur rende un culte divin et les premiers chrétiens étaient mis à mort parce qu’ils refusaient cela. Jésus demandait de rendre à César ce qui lui revenait (l’argent avec son effigie, mais pas le culte qui ne revenait qu’à Dieu seul ). Il distingue ce qui concerne César et la politique, de ce qui revient à Dieu. Il se place sur le registre du rapport entre le pouvoir civil et la religion.

Durant les 2000 ans de l’histoire chrétienne il y a eu plusieurs fois cette confusion entre les pouvoirs civils et religieux. On parlait de « religion d’Etat » et les gouvernants civils se mêlaient facilement de la vie de l’Eglise. Aujourd’hui une laïcité bien comprise – à ne pas confondre avec la laïcité qui nie toute religion – est garante de l’autonomie des pouvoirs et d’une liberté religieuse respectée par tous.

La réponse de Jésus nous éclaire aussi sur nos responsabilités de croyants chrétiens dans la société civile.

Nous savons que ce ne sont pas seulement l’argent et le pouvoir qui mènent le monde ; nous devons avoir soif d’autre chose que de sécurité matérielle, de confort et de richesses. Nous ne sommes pas que des producteurs et des consommateurs ; il doit y avoir en nous le désir de vie et d’amour, qui nous conduit au-delà des préoccupations financières et politiques, sinon nous risquons de faire de l’argent et du pouvoir un tout et un absolu dont nous serons esclaves.

Nous entendons parfois dire que « l’argent n’a pas d’odeur » ; mais souvent l’argent sent la sueur (même la sueur des enfants qui travaillent pour un salaire de misère). Il sent la domination et l’exploitation par ceux qui en veulent toujours plus. Il a le goût de la guerre économique, un goût de misère là où l’homme est exploité, partout où il n’est pas considéré, respecté comme enfant de Dieu.

L’Eglise, qui n’est pas opposée au pouvoir politique, doit être fidèle à la parole du Christ qui a apporté la Bonne Nouvelle à tous les hommes ; elle doit être davantage présente là où les hommes sont exploités, méprisés, et certains complètement exclus.

Jésus, le Fils-de-Dieu-fait-homme, n’est pas un leader politique ; à sa suite l’Église doit s’investir aujourd’hui au service des plus pauvres et de ceux qui sont rejetés (c’est ce que nous rappelle régulièrement le pape François). Elle le fait à travers les Mouvements Caritatif, mais tous les chrétiens sont concernés.

Fr. et S. rendons à Dieu ce qui est à Dieu par la prière, par notre participation aux sacrements et en vivant, chaque jours notre Foi et notre Espérance et notre Amour les uns pour les autres.

AMEN.