Homélie du 6e dimanche du T. O. – 11/02/2018

La loi rejetait complètement les lépreux de la société civile et religieuse parce qu’elle les considérait comme impurs et contagieux devant Dieu et devant les hommes. Et voilà que Jésus ose, une fois de plus, braver cette loi inhumaine qui rejette, sans scrupule, les plus pauvres.

Toutes ces guérisons que Jésus accomplit sont une révélation de la bonté de Dieu pour ses enfants qui souffrent. Trop longtemps l’Église a enseigné un Dieu-vengeur, le Dieu-qui-punit en envoyant la souffrance ; la tradition religieuse du temps de Jésus présentait Dieu comme tel. La lèpre faisait partie des punitions les plus graves : le lépreux était considéré comme « impur ». (Lévites, 13) Il était mis à part, rejeté par la société. Il ne fallait surtout pas le toucher ! Et en plus il souffrait physiquement, rongé par la maladie.

Jésus réagit, une fois de plus, contre cette mentalité et cette croyance religieuse ; il traite les lépreux comme Il le fait pour tous les malades qui viennent à lui. Il les accueille, se fait proche d’eux. Il va même jusqu’à toucher ce lépreux, ce qui est strictement interdit ; Il se rend lui-même impur aux yeux de tous. C’est peut-être aussi pour cela que « Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville ; Il restait à l’écart, dans des endroits déserts. »

Jésus ne faisait pas ces miracles pour se faire bien voir par le peuple, mais part compassion. Il aimait surtout les plus faibles, et Il montrait ainsi que Dieu le Père était toujours du côté des plus pauvres, de ceux qui sont exclus de la société, parce que malades.

Il ne vient pas pour réformer les lois, mais pour délivrer les gens de tout ce qui les empêche d’être des vivants debout, les libérer de tout ce qui les emprisonne dans le malheur. Il vient remettre ces malades dans une relation à Dieu et aux autres qui est « saine », qui n’est plus une situation dans laquelle ils se disent : « A cause de mes péchés, je suis puni par Dieu, je ne vaux plus rien », mais qu’ils puissent dire : « Malgré mon péché, je suis aimé par Dieu, je suis une être humain qui a du prix à ses yeux »

Et nous, chrétiens, disciples de Jésus qui doit être notre modèle, comment agissons-nous envers tous ces « lépreux « que la société moderne produit de plus en plus ? Les situations d’exclusions existent encore : ce sont les immigrés qu’on veut renvoyer chez eux, les chômeurs, les SDF que l’ont regarde avec pitié, si ce n’est avec mépris, les étrangers qui nous font peur parce que différents de nous, et aussi une partie des jeunes qui n’ont plus de repères, pour lesquels l’avenir est bouché et bien d’autres encore ! Ce sont ceux-là nos lépreux d’aujourd’hui, envers lesquels nous devons avoir un regard, une parole de respect, qui les touche, et qui les aide à se remettre debout.

Malheureusement la « lèpre » de l’égoïsme, de l’indifférence, de la critique et des jugements téméraires touche encore notre cœur, nous renferme sur nous-mêmes et exclut ceux qui ont besoins de nous.

Mais Jésus, qui veut avoir besoin de nous, continue, aujourd’hui encore à accueillir les malades et les plus pauvres, à travers nos mains : les mains des soignants, les mains de tous ceux et celles qui militent dans des association caritatives et humanitaires ; ceux qui luttent pour la paix pour la justice,(parfois au risque de leur vie), ceux qui, avec courage et espérance, aident les plus pauvres à se remettre debout, à rentrer dans la société dont ils étaient exclus. C’est à cela que le Seigneur nous appelle durant cette Eucharistie. C’est cela l’appel qui s’adresse à nous en cette « journée mondiale des malades ».

AMEN.

Abbé Bernard SCHER