Homélie du 18e dimanche du Temps Ordinaire – 05/08/2018

L’homme est un être de désir et la publicité est une énorme machine à fabriquer du désir. Les produits qu’elle nous présente sont toujours beaux, utiles et même indispensables à une vie heureuse. Et souvent nous nous laissons prendre.

Il y a des désirs trompeurs.
L’homme est un être de désir et la publicité est une énorme machine à fabriquer du désir. Les produits qu’elle nous présente sont toujours beaux, utiles et même indispensables à une vie heureuse. Et souvent nous nous laissons prendre.

Il y a des désirs trompeurs.Certaines personnes expriment leur nostalgie du passé, dans la vie civile mais surtout dans l’Église, et on a l’impression que l’on revient en arrière, « parce que, me disait-on, les gens aiment ça ». Ce fut certainement le cas déjà du temps de Paul qui exhortait les gens d’Ephèse, «  à se défaire de l’homme ancien, corrompu par des désirs trompeurs »

Les Hébreux de l’Exode regrettaient leur esclavage en Egypte où « ils mangeaient de la viande et du pain à satiété ». Et ils oubliaient que Dieu les avait libérés de l’esclavage.

Dans l’Évangile, la foule qui venait d’être rassasiée, ne pensait plus qu’à ce pain facile ; Jésus le leur dit : « Vous me cherchez parce que vous avez mangé du pain facile »

Et nous, aujourd’hui, savons-nous faire le tri judicieux entre nos désirs qui nous tyrannisent, et ceux qui nous construisent dans le bonheur ? Pas si sûr ! Dans nos désirs légitimes, quelle place tient le repas ? Il est plus qu’un simple partage du pain. Il est aussi partage, échange dans l’amitié de notre vie, occasion d’accueil, de rencontres, de communion.

Dans sa vie, Jésus a souvent dit et fait des choses importantes durant un repas. Chez Jean, sa vie publique commence par un repas de noces à Cana. On l’invite souvent à table, ou il s’invite lui-même. Au grand scandale des pharisiens, il va même manger à la table des publicains, des pécheurs tels que Zachée. Et c’est au dernier repas, avec ses apôtres, la veille de sa mort, qu’il nous donne la vraie nourriture, son Corps et son Sang. Il l’annonce déjà dans l’évangile que nous venons d’entendre : « Moi je suis le Pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim. »

Aucune nourriture humaine, si bonne et si énergétique soi-t-elle, ne pourra nous empêcher de mourir physiquement ; pour vivre pleinement nous avons besoin aussi d’autres nourritures : l’homme a faim d’exister vraiment, d’être reconnu et respecté, de travailler (et ce « pain du travail » manqua de plus en plus à beaucoup) ; il lui faut vivre dans l’espérance et dans l’amitié. Et je pense que beaucoup, même si « on ne les voit pas à l’église » (comme nous disons), sont en recherche du pain de la FOI.

Comme chrétiens vivants et engagés nous avons surtout besoin de ce Pain de Vie partagé par un peuple au ‘cœur abimé par le péché’, un peuple découragé, parfois en profonde dépression comme le furent les Hébreux au désert, comme nous le sommes encore parfois aujourd’hui. Ce Pain de Vie que nous recevons avec foi, n’est pas une récompense ; il est vraiment le pain de Dieu qui nous donne force et courage pour notre vie quotidienne avec le Seigneur et avec les autres. Si, au cours de la semaine, nous vivons du Christ que nous accueillons dans la communion, nous serons « des hommes nouveaux, créés selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité », comme nous le dit saint Paul dans sa lettre aux Ephésiens.

Frères et sœurs, disons avec foi et confiance : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là »

AMEN.

Abbé Bernard SCHER