Homélie du 4e dimanche de Carême – Père Bernard SCHER

4ème DIMANCHE DU C A R E M E

22/03/2020 « A »

Les apôtres de Jésus sont très rapides pour juger et pour critiquer, comme les pharisiens. Dans cet aveugle de naissance ils voient un homme puni par Dieu, à cause de ses péchés ou de ceux de ses parents. Les pharisiens lui disent: « Tu es tout entier dans le péché, et tu nous fais la leçon : » Explication facile de la cécité de cet homme : il n’a que ce qu’il mérite, on n’a donc pas besoin de s’occuper de lui !

Cette tentation de juger, de critiquer et de condamner les autres est encore d’actualité aujourd’hui : « Les jeunes ne valent plus rien….Les turcs et autres étrangers nous envahissent et viennent prendre notre travail….les chômeurs sont des fainéants…. »Et on peut continuer….Nos communautés sont encore loin d’accueillir ceux qui sont différents de nous ! En nous posant la question : ‘Qui sommes-nous pour juger ?’ le Pape François nous invite à réfléchir au respect et à l’accueil des autres tels qu’ils sont.

Cette question des apôtres rejoint notre mentalité, lorsque nous disons :

Qu’est ce que j’ai fait au Bon Dieu pour subir cela ?

Pourquoi Dieu permet-il les catastrophes : inondations…coronavirus…. ?

Dieu ne supprime pas les guerres, les injustices….Pourquoi ?

Avec de telles réflexions nous voudrions nous débarrasser, à bon compte de notre responsabilité en rendant Dieu responsable de tous les malheurs. Mais Jésus remet les choses en place en expliquant : « Sa cécité n’est pas une punition….C’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui…aussi longtemps que je suis dns le monde, je suis la lumière du monde. » A travers jésus, Dieu prouve qu’il n’est pas un tyran, mais un Père qui aime tous ses enfants.

En donnant la vue à cet homme, Jésus lui redonne la vie et sa place dans la société ; de par sa non-voyance il était exclu de l’environnement qu’il n’avait jamais vu, mais aussi de la vie religieuse parce que puni par Dieu, d’après les responsables religieux.

L’aveugle-né n’a pas de nom : il peut être chacun de nous : ne sommes-nous pas souvent aveugles, non pas de naissance, mais parce que cela nous arrange bien ? Ne pas voir le pauvre, qui, dans les grandes villes, nous tend la main sur le bord du trottoir….Passer froidement à côté de celui que je n’aime pas, qui es différent de moi, ignorer celui qui a besoin de moi….Tout cela est bien pratique. Mais ces personnes que je ne vois pas, que je ne veux pas voir, ont besoin de moi, je n’ai pas le droit de les ignorer, de les rejeter, ni de les critiquer.

Frères et sœurs, durant ce temps de Carême qui nous reste avant Pâques, laissons-nous guérir de nos aveuglements ; regardons les événements et les personnes avec des yeux remplis d’espérance. Ouvrir les yeux c’est regarder au-delà des apparences, comme Dieu « Qui ne regarde pas les apparences, mais le cœur » (David, 1ère lecture)

Paul nous demande « de nous conduire comme des enfants de lumière, cette lumière qui a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité »

Disons, nous aussi : « Je crois, Seigneur que tu es la lumière qui vient nous éclairer de ta bonté, de ton amour »

AMEN.