Homélie du 22e DTO – Père Bernard SCHER

22ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

30/08/2020

Il est toujours heureux de pouvoir participer à des noces d’or ou de diamant ; cela arrive encore régulièrement ; il est émouvant de voir ces époux qui s’aiment depuis tant d’année, se redire : « Je t’aime comme au premier jour » ! Et pourtant, durant ces années-là ils ont connus de hauts et des bas, des joies, certes, mais aussi des difficultés qu’ils ont surmonté ensemble, grâce à leur amour et une alliance solide. Ils se sont séduits mutuellement .Et certains, des croyants, disent aussi que c’est Dieu qui les a accompagnés.

Le prophète Jérémie vient de nous dire dans la 1ère lecture : « Seigneur, tu m’as séduit, et j’ai été séduit ; tu m’as saisi, et tu as réussi. » « Séduire », ce mot signifie ‘attirer fortement, charmer’. Malheureusement le but n’est pas toujours positif : la publicité veut nous séduire pour nous pousser à la consommation ; certains veulent séduire pour nous dominer, pour nous ‘mettre le grappin dessus’. Les hommes politiques nous séduisent par de belles promesses qu’ils ne tiendront jamais….

Jésus a certainement réussi à ‘séduire’ ses apôtres : la réponse que Pierre lui donnait dans l’Évangile de dimanche dernier « Oui, tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » nous le montre bien. Et voilà que, imbu de sa nouvelle fonction de responsable de l’Église que Jésus vient de lui confier, il se croit permis de lui faire des remontrances : « Tu ne souffriras pas, tu ne mourras pas…Nous sommes là pour te défendre » Et quelque temps après il jurera « qu’il ne connait pas cet homme » ! Et Jésus le remet vertement en place. Pierre réagit humainement ; mais dans la suite il empruntera le même chemin que Jésus et il donnera sa vie pour lui.

Nous n’avons pas le droit d’accepter les injustices ; nous devons nous battre contre la souffrance et la mort, conte tout ce qui s’oppose à la vie de l’homme. Assez longtemps, dans l’Histoire, et même dans l’Église » on demandait aux plus pauvres, aux petits, de ne pas se révolter, de porter leur croix ici bas avec patience, et d’accepter la souffrance ; ainsi ils auront une belle place au Royaume des cieux » (cette recommandation arrangea It ceux qui avaient le pouvoir).

Jésus, qui nous a séduits lors de notre Baptême, nous invite aujourd’hui encore à le suivre. Mais ce n’est pas le chemin de la facilité qu’il nous propose. Suivre son chemin, cela consiste à mettre nos pas dans les siens : »Si quelqu’un veut marcher à ma suite, nous dit-il à nous aussi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ! » Il nous invite à aller, comme lui, jusqu’au bout dans notre passion amoureuse pour Dieu et pour nos frères.

Accepter la croix et la souffrance ce n’est pas facile (j’allais dire : ce n’est pas humain), mais c’est inévitable. Nous voudrions parfois un Jésus bien gentil, un ‘credo’ à notre mesure et un Dieu à notre service. Le véritable amour dont nous parle Jésus, et qu’il a vécu lui-même, est au service des autres et passe toujours par le renoncement à soi-même. Si Dieu nous séduit ce n’est pas pour nous dominer, ni pour nous « avoir » par la facilité. Il nous confie une mission pour laquelle il nous fait confiance, une mission de bonheur, de salut et d’espérance :pas facile ! Mais il nous donne toujours son Esprit pour nous aider à la remplir.

Se laisser séduire par le Christ, c’est rencontrer et accepter la tendresse du Père en essayant » de discerner quelle est sa volonté : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait, »comme nous le demande St Paul dans sa lettre aux Romains.

Comme chez le prophète Jérémie, que la Parole de Dieu » soit pour nous, comme un feu brûlant dans notre cœur de chrétien » , un feu d’amour et d’espérance que nous répandrons autour de nous avec joie !

Durant cette Eucharistie, demandons l’aide du Seigneur pour nous-mêmes et pour tous les hommes de bonne volonté, pour tous ceux et celles qui se sont laissés séduire par lui et qui, avec lui, continuent de transformer le monde.

AMEN.