Homélie du 26e DTO – Père Bernard SCHER

26ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

27/09/2020 « A »

Jésus sait très bien que ses adversaires, qui le provoquent continuellement, cherchent à le piéger pour pouvoir le condamner à mort, pour se débarrasser de lui définitivement. On a l’impression que, lui aussi, les provoque sans cesse ; en entendant ses paraboles ils savent très bien que ce sont eux qui sont visés ; Jésus veut, sans succès, les faire réfléchir et les amener à se convertir.

Dans cette parabole nous voyons, une fois de plus, que le Père ne force pas ses enfants : il a besoin d’eux pour le travail dans la vigne, mais il les laisse libre ; Dieu agit d’ailleurs de la même façon avec nous : il nous a donné cette qualité formidable qu’est la liberté : il ne nous force jamais à répondre à son Amour.

Pourquoi le 1er fils refuse-t-il d’abord d’aller au travail ? Réaction d’adolescent qui veut s’affirmer ? « Je fais ce que je veux, mon père n’a plus rien à me commander !… » Parmi vous il y a certainement des parents qui connaissent ces mêmes réactions de la part de leurs jeunes. Finalement il se rend compte qu’il a mal agi envers son père, il revient sur sa décision et il va à la vigne.

Le 2ème fils fait le beau devant son père : « Oui, papa, j’y vais ! «  et, il n’y va pas. Son « oui » est un « oui » de façade pour se faire bien voir par le père, mais il n’y donne pas suite.

Une fois de plus, et ils le comprennent très bien, Jésus épingle les grands prêtres et les anciens du Peuples : ces « bons croyants », ces « bons pratiquants de la Loi » qui se glorifient d’être parfaits, parce qu’ils accomplissent les moindres préceptes de cette loi à laquelle ils disent « oui » ; mais ils « vivent non » en se fermant à l’essentiel : l’appel à la conversion que leur adressait Jean Baptiste, l’Amour pour tous, que leur demande Jésus. Ils sont plus habiles à dire qu’à faire.

A côté d’eux, des ’mal-croyants’, des pécheurs, comme Zachée, la samaritaine, le centurion romain, les publicains et les prostituées et bien d’autres, accueillent Jésus avec joie et se convertissent. Leur « non »initial, devient un « oui » hésitant et timide, mais signe de leur conversion.

L’histoire de ces deux fils est, en quelques sortes, aussi la nôtre ; les paroles de Jésus s’adressent à nous, à notre monde civilisé, aux communautés qui se disent chrétiennes. Jésus dénonce l’hypocrisie de nos sociétés qui parlent tant de justice et de paix, souvent pour masquer les égoïsmes collectifs, les entreprises de domination, les rêves de prestige, sans tenir compte de l’homme.

Dans nos vies personnelles il y a aussi des « oui » et des « non » : nous vivons des qualités humaines d’accueil, de générosités, d’entraides, d’amour. Mais notre vie est aussi assombrie par des zones d’égoïsme, de faiblesses et de péchés ; des grands saints ont vécu cela aussi.

Dieu est un bon Père pour TOUS les hommes, mais il n’accepte pas la fausseté d’une dévotion hypocrite. Ne jugeons pas, ne condamnons personne. Sachons et acceptons que «  les publicains et les prostituées nous précéderont peut-être dans le Royaume de Dieu ».

Durant cette Eucharistie demandons-lui la fidélité à son Amour : que nous nous mettions à son service en étant accueillants à tous ceux et celles qui viennent vers nous. AMEN.