Après avoir été baptisé par Jean dans le Jourdain, au lieu de rester avec cette foule dont il voulait se sentir solidaire, Jésus se retira dans le silence et la solitude du désert. Il vivait avec les bêtes sauvages, servi par les anges pendant 40 jours ; et là il connu également la condition de faiblesse de l’homme : la tentation, l’attrait du mal auxquels il ne succomba cependant pas. Il se montra, dès le début, plus fort que Satan, qui le tentera durant toute sa vie publique, jusqu’à sa mort sur la croix. Il le rencontrera sous des formes très diverses : dans les possessions sataniques de plusieurs malades, dans les attaques continuelles de ses ennemis, les scribes, les pharisiens qui veulent le supprimer parce qu’il les gène ; il sera même tenté par ses amis !
Il fut poussé au désert par l’Esprit pour se trouver dans l’intimité de son Père. Durant sa vie publique, avant toute décision importante, et très régulièrement, Jésus se retira dans le silence pour parler avec son Père, pour le prier et lui demander conseil. C’est durant ces longues journées au désert que Jésus s’est préparé à sa mission d’annoncer la Bonne Nouvelle à tous les hommes.
Le séjour de Jésus au désert nous conduit dans nos déserts modernes dans lesquels nous vivons souvent.
Il y a les déserts construits par la société moderne : vie de plus en plus difficile pour beaucoup, maladies incurables et handicaps, non accueil et rejet des immigrés, des étrangers, disparition d’amour qui mène au divorce dans les couples, manques de foi et d’espérance, même chez certains croyants, tous les « déserts spirituels » pour beaucoup.
Ce sont aussi les ‘déserts personnels’ que certains choisissent et qui les tiennent collés à la vie matérielle, la course aux richesses, le toujours plus d’argent, le besoin effréné du pouvoir, les plaisirs égoïstes. Chacun d’entre nous fait l’expérience parfois douloureuse de ses déserts personnels.
Mais il y a aussi les « déserts purificateurs » auxquels nous sommes invités durant ce temps de Carême : union au Père dans la prière, décision de faire tel effort personnel précis, appel au partage, à l’entraide. La foi en la Bonne Nouvelle que Jésus nous apporte ne règle pas les problèmes auxquels nous sommes affrontés ; mais elle fait de nous d’autres personnes qui n’ont plus peur et qui avance en semant l’espérance, parce qu’elles savent que Dieu, qui est miséricordieux, nous aime et qu’Il nous est fidèle.
En entrant dans le désert avec le Christ, nous pourrons, avec Lui, vaincre le Mal qui nous assaille chaque jour. Il nous donne la force de son Esprit et Il lutte à nos cotés.
Vivre le Carême sérieusement ce n’est pas réaliser des exploits grandioses, (prier, jeûner, partager pour nous faire bien voir aux yeux des autres), c’est, avant tout, vouloir se convertir sérieusement, c’est prendre au sérieux l’exemple de Jésus, en essayant de vivre sa Parole sérieusement. Vivre le Carême c’est poser des actes d’amour concrets visibles et crédibles par tous ceux que nous côtoyons.
Chers amis, durant ces quarante jours, tournons-nous résolument vers le Seigneur et vers nos frères et sœurs pour leur apporter cette foi et cette espérance qui manque tellement à certains. Alors, à PÂQUES, nous pourrons célébrer ensemble, dans la joie, la RÉSURRECTION DU SEIGNEUR.
AMEN.
Abbé Bernard SCHER