Archives de catégorie : Homélies

Homélies



Homélie du 3e dimanche de Carême – 04/03/2018

On n’a pas l’habitude de voir Jésus en colère, Lui qui disait : « Venez à moi, je suis doux et humble de cœur ». Mais là Il n’en pouvait plus.

C’est une espèce de centre commercial qui s’est installé dans la cour extérieure du temple : il y avait là des marchands d’animaux pour les sacrifices rituels, des changeurs de monnaie (parce qu’on ne pouvait pas utiliser l’argent à l’effigie de César pour les offrandes rituelles), et bien d’autres. Certes, ces activités étaient utiles aux juifs qui venaient remplir leurs devoirs religieux au Temple, mais elles ont pris une telle ampleur que le lieu de prière ressemblait de plus en plus à un marché ; d’où la réaction de Jésus qui ne supportait pas cela : « Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce ! »

Par sa réaction violente Jésus nous dit que Dieu n’est pas à acheter, même pas avec des sacrifices ni avec de l’argent. Les relations de l’homme avec Dieu ne se négocient pas. Souvent, au cours de l’histoire, des hommes ont voulu « acheter » Dieu (c’est l’expression «Gott mit uns» inscrit sur les ceinturons des soldats) ; on voulait faire une religion du « donnant-donnant », ce qui est parfois encore notre attitude. Prier, aller à la messe, me dévouer pour les autres, je veux bien mais ça rapporte combien ? Et d’autres disent : Je prie et Dieu ne m’exauce pas, alors à quoi sert la prière ?

On risque d’utiliser Dieu à des fins politiques, sociales, matériellement rentable. Nous mettons Dieu à l’épreuve, comme l’ont fait les Hébreux dans le désert. Et pourtant, malgré leurs infidélités Il leur est toujours resté fidèle ; et Il est allé jusqu’au bout de son amour en donnant son Fils qui meurt sur la croix pour nous, qui sommes des pécheurs si souvent ingrats. Dorénavant ce n’est plus le Temple de pierre qui est important, mais c’est la foi dans le Christ mis à mort, qui « ressuscitera trois jours après ».

En voulant rétablir la pureté du sanctuaire de Dieu, Jésus nous appelle à la vérité de nos démarches de chrétiens, à la sincérité de notre foi et de nos engagements de croyants. Dans quel état est ma vie intérieure ? Dieu y demeure-t-Il vraiment ? Souvent notre cœur est encombré par la course à la richesse, les soucis, l’égoïsme.

Ne nous contentons pas de la « façade », de gestes, de cérémonies extérieures si belles soient-elles. Si Dieu n’est pas dans notre cœur, dans notre vie quotidienne, tout cela ne vaut pas grand-chose.

Notre « maison intérieure », notre vie profonde avec Dieu, notre cœur, méritent certainement aussi d’être débarrassées des ambigüités, des richesses matérielles qui les encombrent.

Durant ce temps de Carême, ouvrons-nous davantage à « ce Christ, qui est puissance et sagesse de Dieu ». Supprimons de notre vie tout ce qui nous empêche d’aller vers Lui et de rejoindre les autres : tout ce qui n’est pas amour, accueil, espérance. Alors nous serons un peu plus disponibles à PÂQUES pour accueillir le CHRIST RESSUSCITÉ et Lui donner toute sa place dans notre vie.

AMEN

Abbé Bernard SCHER



Homélie du 2e dimanche de Carême – 25/02/2018

Pour beaucoup, l’aspect extérieur de leur personne est très important et certains mettent pas mal d’argent et d’efforts dans les moyens déployés par l’esthétique et les cosmétiques. Les produits de beauté, que la publicité propose à grand renfort d’argent, se vendent très bien aujourd’hui ; le paraître est souvent très important même s’il ne reflète pas la profondeur véritable de l’homme.

On parle aussi de visages transfigurés par la joie d’une bonne nouvelle, d’une rencontre amicale, d’une réussite. Ce sont ces transfigurations qui sont importantes ; on devrait s’attacher à rénover le visage intérieur pour qu’il s’éclaire au soleil de l’amour de Dieu et des autres.

Regardons aussi ceux et celles qui nous entourent ; que de gens « défigurés » extérieurement et intérieurement ! Par la maladie, la déprime, la solitude et le manque d’amour. Il y a aussi ceux que « nous défigurons » par nos critiques méchantes, nos médisances et nos calomnies, notre regard qui condamne et qui, parfois, tue. Il y a tous ces immigrés dont on ne veut pas chez nous. Nous ne considérons parfois les autres que sur leur aspect extérieur. Tout cela relève du manque de respect pour nos frères et sœurs qui sont, comme nous, enfant aimés de Dieu pour qui ils ont une grande valeur.

Nous pouvons, par contre, transfigurer quelqu’un par un regard d’amour qui fait confiance et qui respecte. Un sourire, une bonne parole, un petit geste d’accueil ou d’entraide peuvent transfigurer la vie d’une personne.

Le temps de CARÊME ne doit pas être pour nous un temps de tristesse où l’on « tire une face de carême », où l’on jeûne avec regret et tristesse, en se serrant la ceinture. Il doit être ce printemps spirituel où germe une vie nouvelle, qui apporte des fruits d’amour, d’accueil, d’entraide. Toutes ces ouvertures aux autres qui sont Espérance d’un monde nouveau, un monde plus juste et plus fraternel.

Comme pour les trois apôtres, qu’il emmène sur la montagne, Jésus veut nous faire prendre de la hauteur, pour voir les hommes et les événements avec ses yeux d’amour et d’espérance. Cet homme-Jésus avec qui ils vivent depuis un certain temps déjà est un homme extraordinaire qui parle bien, qui fait des miracles.

Et maintenant ils découvrent un autre visage de Lui, illuminé de la gloire de Dieu, entouré d’Elie et de Moïse. Cette vision est si formidable que Pierre voudrait qu’elle dure toujours : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons 3 tentes… »

Nous connaissons parfois aussi de ces moments d’exaltation que nous voudrions voir durer. Mais, comme à eux, Jésus nous demande à nous aussi de retourner sans cesse dans la vie quotidienne, de ne pas nous évader de ce monde où les hommes souffrent et luttent, où ils ont besoin de témoins vivants qui transfigurent leur vie par leur foi et par leur amour du Seigneur.

Frères et sœurs laissons-nous transfigurer par cette parole que Dieu nous adresse : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-Le ! » Alors nous avancerons dans la joie durant ce temps de Carême vers la fête de PÂQUES où nous chanterons ensemble le Christ RESSUSCITÉ.

AMEN.

Abbé Bernard SCHER



Homélie du 1er dimanche de Carême – 18/02/2018

Après avoir été baptisé par Jean dans le Jourdain, au lieu de rester avec cette foule dont il voulait se sentir solidaire, Jésus se retira dans le silence et la solitude du désert. Il vivait avec les bêtes sauvages, servi par les anges pendant 40 jours ; et là il connu également la condition de faiblesse de l’homme : la tentation, l’attrait du mal auxquels il ne succomba cependant pas. Il se montra, dès le début, plus fort que Satan, qui le tentera durant toute sa vie publique, jusqu’à sa mort sur la croix. Il le rencontrera sous des formes très diverses : dans les possessions sataniques de plusieurs malades, dans les attaques continuelles de ses ennemis, les scribes, les pharisiens qui veulent le supprimer parce qu’il les gène ; il sera même tenté par ses amis !

Il fut poussé au désert par l’Esprit pour se trouver dans l’intimité de son Père. Durant sa vie publique, avant toute décision importante, et très régulièrement, Jésus se retira dans le silence pour parler avec son Père, pour le prier et lui demander conseil. C’est durant ces longues journées au désert que Jésus s’est préparé à sa mission d’annoncer la Bonne Nouvelle à tous les hommes.

Le séjour de Jésus au désert nous conduit dans nos déserts modernes dans lesquels nous vivons souvent.

Il y a les déserts construits par la société moderne : vie de plus en plus difficile pour beaucoup, maladies incurables et handicaps, non accueil et rejet des immigrés, des étrangers, disparition d’amour qui mène au divorce dans les couples, manques de foi et d’espérance, même chez certains croyants, tous les « déserts spirituels » pour beaucoup.

Ce sont aussi les ‘déserts personnels’ que certains choisissent et qui les tiennent collés à la vie matérielle, la course aux richesses, le toujours plus d’argent, le besoin effréné du pouvoir, les plaisirs égoïstes. Chacun d’entre nous fait l’expérience parfois douloureuse de ses déserts personnels.

Mais il y a aussi les « déserts purificateurs » auxquels nous sommes invités durant ce temps de Carême : union au Père dans la prière, décision de faire tel effort personnel précis, appel au partage, à l’entraide. La foi en la Bonne Nouvelle que Jésus nous apporte ne règle pas les problèmes auxquels nous sommes affrontés ; mais elle fait de nous d’autres personnes qui n’ont plus peur et qui avance en semant l’espérance, parce qu’elles savent que Dieu, qui est miséricordieux, nous aime et qu’Il nous est fidèle.

En entrant dans le désert avec le Christ, nous pourrons, avec Lui, vaincre le Mal qui nous assaille chaque jour. Il nous donne la force de son Esprit et Il lutte à nos cotés.

Vivre le Carême sérieusement ce n’est pas réaliser des exploits grandioses, (prier, jeûner, partager pour nous faire bien voir aux yeux des autres), c’est, avant tout, vouloir se convertir sérieusement, c’est prendre au sérieux l’exemple de Jésus, en essayant de vivre sa Parole sérieusement. Vivre le Carême c’est poser des actes d’amour concrets visibles et crédibles par tous ceux que nous côtoyons.

Chers amis, durant ces quarante jours, tournons-nous résolument vers le Seigneur et vers nos frères et sœurs pour leur apporter cette foi et cette espérance qui manque tellement à certains. Alors, à PÂQUES, nous pourrons célébrer ensemble, dans la joie, la RÉSURRECTION DU SEIGNEUR.

AMEN.

Abbé Bernard SCHER



Homélie du 6e dimanche du T. O. – 11/02/2018

La loi rejetait complètement les lépreux de la société civile et religieuse parce qu’elle les considérait comme impurs et contagieux devant Dieu et devant les hommes. Et voilà que Jésus ose, une fois de plus, braver cette loi inhumaine qui rejette, sans scrupule, les plus pauvres.

Toutes ces guérisons que Jésus accomplit sont une révélation de la bonté de Dieu pour ses enfants qui souffrent. Trop longtemps l’Église a enseigné un Dieu-vengeur, le Dieu-qui-punit en envoyant la souffrance ; la tradition religieuse du temps de Jésus présentait Dieu comme tel. La lèpre faisait partie des punitions les plus graves : le lépreux était considéré comme « impur ». (Lévites, 13) Il était mis à part, rejeté par la société. Il ne fallait surtout pas le toucher ! Et en plus il souffrait physiquement, rongé par la maladie.

Jésus réagit, une fois de plus, contre cette mentalité et cette croyance religieuse ; il traite les lépreux comme Il le fait pour tous les malades qui viennent à lui. Il les accueille, se fait proche d’eux. Il va même jusqu’à toucher ce lépreux, ce qui est strictement interdit ; Il se rend lui-même impur aux yeux de tous. C’est peut-être aussi pour cela que « Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville ; Il restait à l’écart, dans des endroits déserts. »

Jésus ne faisait pas ces miracles pour se faire bien voir par le peuple, mais part compassion. Il aimait surtout les plus faibles, et Il montrait ainsi que Dieu le Père était toujours du côté des plus pauvres, de ceux qui sont exclus de la société, parce que malades.

Il ne vient pas pour réformer les lois, mais pour délivrer les gens de tout ce qui les empêche d’être des vivants debout, les libérer de tout ce qui les emprisonne dans le malheur. Il vient remettre ces malades dans une relation à Dieu et aux autres qui est « saine », qui n’est plus une situation dans laquelle ils se disent : « A cause de mes péchés, je suis puni par Dieu, je ne vaux plus rien », mais qu’ils puissent dire : « Malgré mon péché, je suis aimé par Dieu, je suis une être humain qui a du prix à ses yeux »

Et nous, chrétiens, disciples de Jésus qui doit être notre modèle, comment agissons-nous envers tous ces « lépreux « que la société moderne produit de plus en plus ? Les situations d’exclusions existent encore : ce sont les immigrés qu’on veut renvoyer chez eux, les chômeurs, les SDF que l’ont regarde avec pitié, si ce n’est avec mépris, les étrangers qui nous font peur parce que différents de nous, et aussi une partie des jeunes qui n’ont plus de repères, pour lesquels l’avenir est bouché et bien d’autres encore ! Ce sont ceux-là nos lépreux d’aujourd’hui, envers lesquels nous devons avoir un regard, une parole de respect, qui les touche, et qui les aide à se remettre debout.

Malheureusement la « lèpre » de l’égoïsme, de l’indifférence, de la critique et des jugements téméraires touche encore notre cœur, nous renferme sur nous-mêmes et exclut ceux qui ont besoins de nous.

Mais Jésus, qui veut avoir besoin de nous, continue, aujourd’hui encore à accueillir les malades et les plus pauvres, à travers nos mains : les mains des soignants, les mains de tous ceux et celles qui militent dans des association caritatives et humanitaires ; ceux qui luttent pour la paix pour la justice,(parfois au risque de leur vie), ceux qui, avec courage et espérance, aident les plus pauvres à se remettre debout, à rentrer dans la société dont ils étaient exclus. C’est à cela que le Seigneur nous appelle durant cette Eucharistie. C’est cela l’appel qui s’adresse à nous en cette « journée mondiale des malades ».

AMEN.

Abbé Bernard SCHER

Veillée œcuménique de prière pour l’unité des chrétiens

Vivez ou revivez la veillée de prière œcuménique pour l’unité des chrétiens qui s’est déroulée le 22 janvier 2018 en l’Abbatiale Sainte-Croix de Bouzonville. Elle fut cocélébrée par M. l’abbé Jean-Louis Barthelmé et M. Christian Lorang, prédicateur laïc protestant (UEPAL) lequel a prononcé une allocution sur la thématique « Le Seigneur est ma force et ma louange, il est mon libérateur ! » faisant référence entre autres à Exode 18, 1-21 et répondant en écho au passage des Évangiles relatant l’espérance placée dans le Christ par la femme qui avait un flux de sang (Luc 8, 43). Les textes des prières invitant à la libération de l’esclavage du péché furent choisis par la communauté caraïbe.

Retrouvez-moi sur Facebook http://www.facebook.com/pages/Missionweb/452972461416350

Continuer la lecture de Veillée œcuménique de prière pour l’unité des chrétiens



Homélie du 5è dimanche du T.O. – 04/02/2018

Il ne devait pas chômer, ce jeune prophète ! Quelle folle journée pour Jésus.

Après avoir prêché dans la synagogue de Capharnaüm et chassé le démon, il se rend, avec ses amis, chez Simon, dont il guérit la belle-mère ; ensuite « il guérit de nombreux malades et chasse les démons » Et, pour terminer, « Bien avant l’aube, il se rendit dans un endroit désert et là il priait » Au milieu de toutes ses nombreuses activités, Jésus trouvait toujours le temps de s’arrêter pour parler à son Père, pour prier. Certainement qu’il lui parlait de ces gens qui souffraient, qu’il lui portait toutes les souffrances qu’il rencontrait autour de lui et auxquelles il était très sensible.

Nous aussi nous sommes souvent envahis par de multiples occupations, nous avons tellement de choses à faire, dans ce monde stressant (même les retraités n’ont plus le temps !), que, comme chrétiens, nous risquons d’oublier l’essentiel : notre vie intime avec Dieu notre Père, sans lequel nous ne pouvons rien faire. Comme Jésus, essayons de trouver dans nos journées, des moments d’intimité avec notre Père du ciel ; confions-lui nos soucis, nos joies, nos espérances et nos souffrance. Il est toujours à notre écoute et il nous donne toujours son Esprit pour nous aider à être au service des plus pauvres.

Jésus accueillait tous les malades qui venaient à lui ; il les guérissait, il les remettait debout pour leur rendre leur place dans la société, dont ils étaient exclus : les lépreux, les aveugles, les paralysés, tous redevenaient des hommes ‘normaux’, au service de leurs frères. Il guérit la belle-mère de Pierre : Marc nous dit : « Il la fit lever ; la fièvre la quitta et elle les servait ». Guérie, elle reprend sa place de mère de famille.

Dans notre monde du 21ème siècle ceux qui souffrent dans leur corps, dans leur cœur, tous les exclus, tous les parias, les immigrés rejetés et autres étrangers, sont très nombreux. Nous les regardons de travers, ou bien nous passons à côté d’eux sans les voir, pare qu’ils nous donnent mauvaise conscience, ou parce qu’ils nous font peur. Ils sont rejetés comme Job de la première lecture ; et certains pauvres ont très discrets.

Est-ce que personnellement j’ouvre les yeux et le cœur pour me laisser émouvoir et toucher par la souffrance humaine, comme le fait Jésus ? Ou bien suis-je aveugle et imperméable aux malheurs des autres ?

C’est vrai, nous ne pouvons pas guérir les malades comme Jésus l’a fait ; mais nous pouvons et nous devons être sensibles à la souffrance de ceux et celles qui sont dans la peine. Nous ne pouvons pas, comme disent certains politiques, « accueillir toute la misère du monde ». Mais, si, après avoir fait tout mon possible pour aider, pour soulager pour donner un peu d’espoir à ceux qui ont besoin de moi, je me sens impuissant, je peux et je dois toujours, comme chrétien, et comme Jésus l’a fait, me tourner vers le père pour lui confier mes frères et sœurs souffrants. « On parle à Jésus de la malade », nous dit Marc. Oui, parlons à Dieu des pauvres et confions-lui nos malades ; mettons-nous à l’action ensemble, avec les Mouvements Caritatifs ou autres, pour aider ceux qui sont écrasés à se remettre debout. Alors nous proclamerons la Bonne Nouvelle par nos actes et nos prières et nous serons les témoins vivants de la tendresse de Dieu pour tous les hommes. Nous devrions pouvoir dire, comme Paul : « Annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est un nécessité qui s’impose à moi. »

AMEN.

Abbé Bernard SCHER



Homélie du 4e dimanche du T.O. – 28/01/2018

Dans notre vie de relations nous rencontrons parfois des gens tout simples, qui ne sont pas en vue dans la société, qui n’ont pas fait de grandes études, mais qui possèdent une richesse humaine indéniable et qui nous marquent par la profondeur de leur vie, par des paroles « qui sonnent justes ». L’on sent chez eux une vie profonde et authentique.

C’est un tel homme que Marc nous présente dans l’Évangile de ce quatrième dimanche ordinaire. Voilà cet homme tout simple, qui vient avec ses amis à la synagogue et qui enseigne « avec autorité, et non pas comme les scribes » qui eux, sont les spécialistes de la Parole.

Comment enseigne-t-il ? Que dit-il ? Nous n’en savons rien ; mais il ne récite pas une leçon apprise par cœur. Les gens qui l’entendent sont en admiration : ils sentent très bien qu’il incarne, qu’il vit ce qu’il dit.

Finalement ses paroles sont authentifiées par des actes qui sont des gestes de libération : « Il commande même aux esprits impurs et ils lui obéissent ! » reconnaissent les gens en admiration devant cet homme. Jésus ne discute pas avec le démon : il le fait taire et il le chasse hors du possédé. Sa parole libère l’homme du mal et du péché et elle le remet debout. Devant son autorité, les forces du mal sont réduites au silence.

Nous ne sommes pas capables de faire de miracles, nous ne pouvons pas chasser le Mal comme Jésus le fait ; mais les miracles de l’accueil fraternel, du sourire, de l’espérance vécue et semée autour de nous, sont aussi capables de remettre des hommes debout. C’est à notre simplicité, à nous ouverture aux autres que l’on nous reconnaitra comme disciples du Christ, comme chrétiens.

La force de notre témoignage de croyants ne réside pas dans de belles paroles, dans de grands discours, mais dans ce que nous sommes, dans ce que nous vivons concrètement. Ce sont nos gestes d’accueil, d’amour et d’espérance que nous posons, qui sont signes de l’Esprit de Dieu en nous. Notre parole, notre exemple de chrétiens n’ont pas toujours cette « autorité » qui devrait faire de nous des apôtres authentiques. Entre ce que nous croyons et ce que nous vivons, entre nos paroles et nos actes il y a parfois une grande distance, quelque chose qui sonne faux ; on ne peut pas tricher avec la vérité. Et notre foi restera morte si elle n’est pas authentifiée par des actes qui porteront des fruits dans la mesure où nous les vivons en Église, avec les autres.

Jésus est toujours resté humblement au service de ceux qui souffraient ; il n’avait que faire de sa renommée. Il a interdit à l’esprit impur qui proclamait : « Tu es le Saint de Dieu » de révéler son identité à tous ceux qui étaient là.

Nous qui sommes baptisés, qui vivons les sacrements, nous qui participons à l’Eucharistie et qui prions, nous sommes, nous aussi, avec l’aide du Saint Esprit, capables de lutter contre le Mal sous toutes se formes.

Frère et sœurs, laissons-nous façonner par la Parole de Jésus qui chasse le Mal en nous et qui guérit nos cœurs. Comme les disciples de Jésus, comme les apôtres de tous les temps, proclamons la Parole de Dieu et surtout mettons-la en pratique dans notre vie quotidienne.

AMEN.

Abbé Bernard SCHER